Maryse Joissains, future-ex… ?
Il est gros, il est beau. Mais quand on réclame « Métamorphose d’une ville », les 76 pages que Maryse Joissains, la maire UMP, s’est payée pour promouvoir son action depuis 2001, à l’hôtel de ville, on nous rétorque : « Nous sommes en période pré-électorale, nous n’avons donc plus le droit de le distribuer. » Heureusement, début mars, il était encore disponible sur le site web… C’est qu’à Aix, on se fait un point d’honneur à marcher dans les clous. Et qu’importe si l’opposition estime que, dans un supplément du journal municipal ayant de surcroît coûté plus de 50 000 euros, elle aurait dû avoir son mot à dire.
Après son vrai-faux recours contre l’élection de Hollande et la perte de son siège de députée, Maryse Joissains vient de se prendre deux tuiles sur le crâne. Début mars, le Conseil constitutionnel a invalidé ses comptes de campagne aux dernières législatives. La commission ad hoc a tiqué en constatant qu’elle avait transféré sur son compte de campagne 30 000 euros provenant de son compte destiné à percevoir son indemnité représentative de frais de mandat. Or, celle-ci, destinée à « couvrir des dépenses liées à l’exercice du mandat de député », rappelle le Conseil constitutionnel, « ne saurait être affectée au financement d’une campagne électorale ». Si l’ex-députée n’a pas été déclarée inéligible, elle ne bénéficiera pas du remboursement de ses frais.
Linge sale
Toujours en mars, le Conseil d’Etat porte un nouveau coup de massue. Fin 2008, la justice administrative avait jugé qu’Alain Joissains, en tant que directeur de cabinet de son épouse de 2001 à 2008, n’aurait dû toucher « que » 307 972 euros au lieu des 475 778 effectivement perçus. Fin 2011, la cour d’appel a annulé cette décision, jugeant que Lucien-Alexandre Castronovo, ancien conseiller d’opposition à l’origine de la procédure, n’était pas fondé à agir ! Le Conseil d’Etat vient de casser l’arrêt de la cour d’appel, renvoyant à un nouveau procès. De quoi remplir d’aise Castronovo et voir Alain Joissains dénoncer dans La Provence un « coup politique », rappelant qu’en 2001, l’opposition n’avait rien fait sinon s’abstenir et qu’il avait, grand seigneur, renoncé à un chauffeur : « Je n’aime pas être trimbalé comme un paquet de linge sale. »
Du linge qu’il vaut mieux laver en famille. Or, au-delà de la candidature pour l’UDI (Union des démocrates et indépendants) de Bruno Genzana ou des problèmes de santé qui font que Maryse Joissains ne pourra compter sur son adjoint aux finances, il y a, nous confirme-t-on à l’UMP, « un problème » entre le maire et son premier adjoint. « Il y a chez les Joissains de l’affolement, de la précipitation, commente Hervé Guerrera, conseiller d’opposition EELV. D’où, c’est nouveau, l’organisation de réunions dans les quartiers. Peut-être pour faire oublier qu’elle s’est faite huer par des salles entières face à sa gestion catastrophique de la refonte des transports publics ? Alors, certes, ça sent la fin de règne. Mais les Joissains ont de la ressource. » Notamment du côté de l’extrême-droite… même si le FN a assuré qu’en 2014, il aura, contrairement à 2008, un candidat à Aix.
Ultimatum et bourdes
Mais l’opposition est loin d’être unie et la multiplication des candidatures n’augure rien de bon pour les primaires, la mise sous tutelle de la fédération du PS 13 ajoutant un peu plus d’incertitude (d’autant que l’un de ceux l’ayant demandée n’est autre que… l’aixois Michel Pezet). Pour Jean-David Ciot, jusque-là patron de la fédé, « il y a sur Aix une usure du pouvoir mais, en face, il n’y a pas de leader naturel ». Et celui qui a battu Maryse aux législatives d’assurer qu’il n’a « objectivement pas vocation » à se présenter. Jusqu’à quand ? Car, si EELV et le Front de Gauche ne veulent pas participer aux primaires, Alexandre Medvedowsky (PS), François de Peretti (Modem), Christian Maraninchi (PRG) et Stéphane Salord (Génération écologie) ont posé un ultimatum : « Si l’on veut gagner, il faut que l’on soit unis le plus largement possible. Alors soit les primaires sont ouvertes à toutes les forces d’opposition et nous y participerons, soit, d’ici juin, nous désignerons notre candidat. »
Comme nous le dit un soutien de l’avocat socialiste Edouard Baldo, candidat à la candidature faisant campagne sur « l’éthique » : « On ne pourra miser uniquement sur le rejet des Joissains. » Reste que la gauche pourra toujours compter sur leurs bourdes. Dernière en date ? Sophie, la fille de, vient de se distinguer avec, d’après Alternatives économiques, « la proposition de loi la plus stupide » du Sénat : elle veut imposer aux étudiants à la fac de préparer en parallèle « une formation diplômante type BEP ou CAP » ! C’est vrai que, dans sa famille de juristes, un peu de « compta » ne ferait pas de mal…
Sébastien Boistel
Cet article a été publié en avril 2013 dans le Ravi n°106. Retrouvez dans le dernier numéro, daté mai 2013 (N°107) des nouvelles d’Aix-en-Provence avec notre enquête « Bienvenue chez « Marine » Joissains ». Il y est question du parachutage d’une candidate FN pour les prochaines municipales…