Petits maires, grands enjeux pour le FN

février 2012
La course aux signatures pour les candidats à la présidentielle entre dans la dernière ligne (extrême) droite. Le FN drague les élus de la région.

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Le Front national ne compte que 118 conseillers régionaux dont 20 en Paca. Il fait donc partie des formations qui doivent aller démarcher ces maires pour obtenir les 500 parrainages nécessaires afin de figurer au premier tour de la présidentielle. En 2007 dans la région, six édiles de petites communes (1) avaient franchi le pas et permis à Jean-Marie Le Pen de se présenter.

Marine Le Pen a réclamé, cet automne, l’anonymat pour ces élus. Pointés du doigt par certains de leurs administrés qui assimilent souvent signature et orientation politique, ils sont l’objet de toutes les attentions du Front. Mediapart a ainsi mis au jour les importantes dépenses réalisées par le père Le Pen en 2007. Une société conseil a été embauchée pour la bagatelle de 300 000 euros à seule fin d’obtenir le fameux sésame pour la présidentielle.

En 2007, le maire de Visan (Vaucluse), Gérard Sautel, a accepté de signer pour l’extrême droite. « On reçoit des dizaines de coups de fil de tous les petits partis qui essaient de nous convaincre. J’avais fini par en retenir trois. Je les ai mis dans un chapeau (il y avait Lutte ouvrière, le FN et je ne sais plus qui) et j’ai tiré le FN », se rappelle celui qui a achevé son mandat en 2008. « Je l’ai fait par souci démocratique, poursuit-il. Je crois que ces partis ont toute leur place dans cette élection. »

A Manteyer (Hautes Alpes), à peine trois cents habitants au dernier recensement, le maire Alain Chevalier a lui aussi fini par céder aux demandes du FN mais ce choix, explique-t-il, n’est pas vraiment le sien : « Moi, je suis UMP. A un moment donné, certains m’ont dit qu’il devait être au premier tour, alors j’ai fait ce qu’il fallait. Ça ne m’a pas gêné : on a l’impression que le FN, c’est la peste et le choléra, alors que c’est comme partout, y a des cons et des gens biens. »

Malgré ces accointances avouées, Alain Chevallier ne fera pas cette année pour la fille ce qu’il a fait pour le père. « En 2007, Sarko en avait à revendre, analyse monsieur le maire de Manteyer. Là, il a perdu un peu de sa crédibilité, il a déçu des gens. Plus il aura de signatures, mieux ce sera. » Une fois de plus, la consigne est tombée d’en haut. Depuis plusieurs semaines, Jean-François Copé répète que « les signatures de l’UMP doivent seulement aller à l’UMP ». De toute façon, Alain Chevallier ne se verrait pas refaire le coup. Le petit maire n’a pas aimé que son choix soit connu : « J’aurais préféré que ça soit anonyme. Cette signature, c’est un peu comme un vote, on préfère que ça reste confidentiel. Tout ce que ça entraîne m’agace un peu. » Une défection des élus UMP qui pourrait inquiéter Marine Le Pen ? Pas si sûr. Depuis 1981, à chaque élection, le Front a agité le foulard brun d’une absence au premier tour. Il a toujours su trouver les soutiens pour se présenter.

Jean-Marie Leforestier

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