Un Gollnisch en terrain quasi conquis

avril 2012
Le FN rêve de s’emparer de l’ancien fief de Yann Piat. En parachutant Bruno Gollnisch dans la 3ème circonscription du Var, il pourrait bien s’assurer les voix d’une droite fragilisée et d’une gauche peu assurée.

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Dix-huit ans après l’assassinat de Yann Piat, la troisième circo du Var est de nouveau sous les feux des projecteurs depuis l’annonce de la candidature aux législatives du numéro deux du FN et candidat déchu à sa présidence, Bruno Gollnisch. Une figure nationale du FN dans le Var, ça fait peur mais au FN 83 ça ravit : « Notre section départementale se porte plutôt bien mais il nous manquait la portée médiatique, c’est désormais chose faite puisque toute la presse en parle ! », se réjouit Frédéric Boccaletti, conseiller régional et secrétaire départemental du FN Var.

Député européen de la zone Est et conseiller régional Rhône-Alpes, la candidature de Bruno Gollnisch a tout d’un parachutage. « Elle est étonnante puisque personne jusqu’ici ne l’avait vu dans le Var », a déclaré Jean- Pierre Giran, candidat sortant UMP (Var matin du 13 janvier). Propos que Frédéric Boccaletti conteste : « Monsieur Gollnisch a une maison familiale ici, ses petits enfants vont à l’école à Carqueiranne et son père est même enterré au cimetière de Hyères. Il y a ses attaches de cœur et ça, ça ne se comptabilise pas aux nombres d’heures passées ici. »

La 3ème cico est depuis toujours ancrée à droite ayant élue Yann Piat en 1986 sous la bannière FN puis sous l’étiquette UDF en 1993. En 2012, l’UMP a choisi d’investir le candidat sortant Jean-Pierre Giran, qui brigue son quatrième mandat, au grand regret du maire de La Londe François de Canson, non retenu. « Il s’agit d’une élection importante car nous avons face à nous un candidat national du FN, il ne faut pas qu’il y ait de divisions, affirme Jean-Pierre Giran. Monsieur de Canson a affirmé qu’il serait derrière le candidat investi dans le but de servir sa famille politique. » Mais pour Joël Canapa, candidat déclaré Parti radical de gauche soutenu par le PS, la droite est fragilisée : « Elle est en déliquescence, Giran est l’un des députés les plus mal classés de France. C’est à lui qu’il faut dire merci si le FN se présente ! » Et Giran de tacler, en retour, un candidat « qui crée la suspicion en passant d’un parti à l’autre », allusion au virage politique de Canapa qui a quitté le PCF, « sur une somme de désaccords », pour intégrer le PS puis désormais le PRG. « S’il n’a trouvé que ça comme argument contre moi !, s’exclame Joël Canapa. Je ne dis pas de mal de lui, ses amis s’en chargent ! »

Des tensions qui feraient presque oublier les deux autres candidats que sont Gilberte Mandon (Front de gauche) et Jean Donzelle (Alliance centriste), et qui surtout pourraient bien faire le jeu de l’extrême droite. Bruno Gollnisch craint-il ses adversaires ? Frédéric Boccaletti, amorçant un petit rire : « Vous savez, il n’en est pas à sa première campagne électorale. Je ne pense pas qu’il soit effrayé. Lui, parle très peu d’eux, mais par contre, eux s’excitent ! »

Samantha Rouchard

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