le Ravi… et les autres

septembre 2022 | PAR Sébastien Boistel
Au-delà de notre disparition, le champ médiatique ressemble à un champ de ruines. Notamment du côté de la presse et des médias pas pareils. Et en particulier en Paca.

Bonne nouvelle : il y a à nouveau un kiosque à la Plaine, l’emblématique place du centre de Marseille. Las, il n’y aura plus le Ravi. Mais on y trouve encore le journal d’extrême droite Rivarol qui, n’ayant plus de numéro de commission paritaire, n’est plus distribué par Carrefour, Cultura ou Relay « sous pression, titre l’hebdo, du Lobby ». Ce, alors que le quotidien Présent a été liquidé cet été.

De fait, ça ne va pas fort dans le monde des médias. Notamment en Paca. Certes, le bras de fer entre Xavier Niel et Rodolphe Saadé pour la reprise de La Provence est terminé, le patron de Free jetant l’éponge au profit de l’armateur marseillais. Mais avec, en contrepartie la centralisation sur un seul site dans le Var de l’impression de toute la presse de l’arc méditerranéen, de La Provence à Nice-Matin. Sur la Côte, à part Le Gabian Déchaîné ou Mouais à Nice, le pluralisme n’a pas la cote.

Au sein des médias pas pareils, la situation n’est guère réjouissante. L’Arlésienne, lancé par notre confrère (et administrateur bénévole de la Tchatche qui édite le Ravi) Eric Besatti, désormais trimestriel et après dix ans d’existence, s’achemine vers une « pause », moins par manque d’argent que par « fatigue ». Nos collègues du mensuel écolo basé dans le « 04 », L’Âge de faire eux aussi s’interrogent : « Y aura-t-il L’Âge de Faire à Noël ? » Dans leur édito, ils se disent « inquiets », ayant perdu, en quelques mois, « 20 % » de leurs abonnés. Et ce avec une hausse de « 15 % » des « coûts de diffusion » et « d’impression ». Notamment du fait de la hausse du prix du papier qui impacte tout le monde. Comme nos voisins du mensuel de critique et d’expérimentation sociale basé à Marseille, CQFD. Ou cet autre voisin (il est dans la Drôme) qui vient de lancer un appel à l’aide, Le Crestois où officie notre ancien collègue du Ravi Clément Chassot.

Hors Paca, même le site web Basta !, à l’origine du « portail des médias libres », tire la sonnette d’alarme : avec des articles lus par des « centaines de milliers de personnes » mais seulement « 1500 » à les « financer régulièrement », « nous avons l’audience d’un grand hebdo national mais les revenus d’une petite gazette ». Et d’espérer que leurs lecteurs deviennent leur « Ammi », quelqu’un qui « Agit pour le Maintien d’un Média Indépendant ».

Au sein du tiers secteur, ce n’est pas toujours l’entente cordiale. Depuis son passage aux rencontres des médias libres, Denis Robert n’a guère d’estime pour les « fanzineux ». Sèchement débarqué du Média et avec pour conseil la présidente d’Anticor, celui qui est désormais patron de Blast a fait condamner la web-tv à lui verser 300 000 euros d’indemnités ! Pour s’en tirer, cette dernière espère rassembler 12 500 abonnements pour une diffusion « 24 heures sur 24 ». Voire une place sur la TNT pour « balayer les CNews, BFM TV et autres LCI ». Détonnant, non ?