Politis appelle à l'aide

novembre 2021 | PAR Sébastien Boistel
A court de trésorerie, l’hebdo indépendant au carrefour de la gauche anti-libérale et écologiste, a besoin de 500 000 euros et de 2000 abonnés pour tenir.

Venue du site web d’info Basta, Agnès Rousseaux, directrice depuis un an de l’hebdo indépendant Politis, au carrefour de la gauche anti-libérale et écologiste, ne cache pas sa fatigue : « On met beaucoup d’énergie pour faire vivre nos journaux et c’est plus que jamais nécessaire mais c’est épuisant. » Il y a quelques mois, le journal a défrayé la chronique suite à une enquête de Street Press peu glorieuse pour l’un de ses anciens rédacteurs en chef dans un titre où le turn-over à ce poste n’est pas négligeable. Mais là, les causes de la crise que connaît le journal sont beaucoup plus classiques : « La situation des hebdos – et de la presse en général – est loin d’être simple. Toutefois, l’année 2020-2021 a été particulièrement compliquée, explique notre consœur. Notamment à cause du Covid. Mais aussi avec l’explosion du coût du papier alors qu’on a vu notre nombre d’abonnés passer sous la barre des 10 000. »

D’ailleurs, le titre a fait le choix en juin dernier de « sortir des kiosques. C’est provisoire mais cela nous coûtait bien trop cher. Entre 80 et 100 000 euros, soit la moitié de notre déficit. On ne pouvait pas continuer mais on compte revenir, peut-être en se focalisant sur les numéros d’été et d’hiver et les hors-séries ». Mais ça ne suffit pas. D’où cet appel à la Une du numéro sorti à la mi-novembre : « Sauvons Politis »! Qui, d’entrée, attaque en force : « Sans un soutien massif et rapide, Politis va disparaître. » Et Agnès Rousseaux de préciser : « On a besoin de 500 000 euros et de trouver 2000 abonnés pour tenir. Mais aussi lancer de nouveaux chantiers. Une nouvelle formule, un nouveau site web, l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef… »

Celle qui est également engagée au sein du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (auquel le Ravi est adhérent, Ndlr) veut croire que la période électorale qui s’ouvre est favorable : « On est un journal traversé par les mêmes débats que connaît la gauche, ce que nos lecteurs apprécient. Et on pense que le dissensus peut être une source de vitalité. On a besoin de diversité. Tant d’un point de vue politique que médiatique. D’autant qu’au-delà de la concentration des médias, on assiste en ce moment à une prise en main particulièrement inquiétante, à la fois économique et idéologique, d’un certain nombre de médias par Vincent Bolloré. »

Et de noter que les abonnements repartent « à la hausse. Certains journaux ont fait le choix de diversifier leur activité. Nous, c’est sur nos lecteurs que repose l’essentiel de nos ressources. Et si, en 2006, des personnalités avaient apporté leur soutien au titre, Politis est toujours majoritairement détenu par ses salariés – on est une vingtaine dont dix à la rédaction – et ses lecteurs. Quant aux pouvoirs publics, on les sollicite, bien évidemment. D’autant que les aides dont on bénéficiait jusque-là ont baissé de près de 15 %. » Autant dire que l’hebdo, qui avait participé aux rencontres de la presse pas pareille du Ravi et des médias libres et a relayé nos appels à l’aide, a plus que jamais besoin de vous, de nous…