De l’autre côté du miroir

juin 2007
MODEM. Le seul député UDF de Paca a rallié Sarkozy. Mais les fidèles de François Bayrou et quelques nouvelles recrues, fondent le Mouvement démocrate. Pour prendre date. Car la bataille des législatives est déjà perdue...

Attention ! Objet politique non identifié… Le Mouvement démocrate (MoDem), le nouveau parti centriste de François Bayrou, présente des candidats dans 38 des 40 circonscriptions de la région. Objectif ? Faire fructifier les 15 % de voix obtenues en Paca lors du 1er tour des présidentielles. « Nous voulons obtenir les moyens de jouer un rôle de contre-pouvoir face à l’UMP », souligne François-Xavier de Peretti, conseiller municipal aixois et secrétaire général du tout nouveau MoDem13. 09rv42yacine_modem.jpg Des ambitions, donc, et une dialectique déjà bien rodée. « Nous sommes une force politique nouvelle, indépendante et ouverte, avec pour socle commun la défense des valeurs républicaines et européennes. Centristes, nous considérons que l’hégémonie politique n’est pas saine pour la démocratie », explique Jeannine Calvès, conseillère municipale d’Avignon et candidate dans la 1ère circonscription du Vaucluse, face au maire UMP d’Avignon, Marie-Josée Roig.

Au lendemain de l’élection présidentielle, les états-majors politiques ont compté leurs voix. Le MoDem sera-t-il en mesure de rééditer le score de Bayrou du 22 avril en Paca ? Peut-être. Sera-t-il capable de faire élire un député dans la région ? Probablement non, sauf en espérant d’hypothétiques accords de désistement réciproque conclus avec le PS. Ce qui ne décourage pas André Seignon, coordinateur du MoDem dans le Vaucluse, convaincu que le nouveau parti doit rester « indépendant de la droite et de la gauche. »

Dans les Alpes-Maritimes, le MoDem ne présentera pas de candidat face au député UDF sortant, Rudy Salles, l’unique centriste de la région élu à l’Assemblée nationale en 2002. Ce dernier, comme 24 des 28 députés ex-UDF, a rejoint la majorité présidentielle et sera sans doute étiqueté « nouveau centre ». Mais François Bayrou a donné consigne de s’abstenir d’affronter ceux qui l’ont soutenu au 1er tour des présidentielles. « Pour les orientations nationales, on suit Bayrou, mais on reste avec Rudy pour le local », explique une militante niçoise. Comme lors d’un divorce à l’amiable, le MoDem 06 a récupéré l’ancienne permanence de Salles, 48 avenue Jean Médecin. Et ce dernier s’est installé au 31 de la même avenue ! Un face à face… « Il y a déjà assez de clivages, nous voulons organiser la vie politique différemment », glisse Karine Lambert, coordinatrice du MoDem 06.

Dans le Var où l’UDF fut longtemps hégémonique, des personnalités bien installées comme Bruno Ravaz, conseiller régional, ou Ferdinand Bernhard, maire peu progressiste de Sanary-sur-Mer, apportent une couleur très old school au MoDem qu’ils soutiennent. Le ralliement du député européen Vert, Jean-Luc Bennahmias et d’une poignée d’écologistes dans son sillage (voir le Ravi de plâtre page 2) bousculent plus les habitudes. Ainsi que l’arrivée dans les Bouches-du-Rhône de quelques figures nouvelles : avec à Marseille, le « parachutage » de Childéric Muller, ancienne vedette TV des années 80… Ou, toujours à Marseille, la conversion « centriste » de Philippe Sanmarco, ancien Defferiste, et de sa petite Convention citoyenne…

Du « sans neuf » qui trouble certains fidèles de la « vieille » UDF. Claude Filippi, maire UDF de Ventabren, a ainsi pris la tête de l’UDF 13 majorité présidentielle. « Le grand écart permanent entre la gauche et la droite est incompréhensible, dénonce Claude Filippi. A l’UDF, on a toujours mené nos combats politiques au centre droit. Lors d’une réunion, j’ai été sifflé quand j’ai dit qu’au second tour, je voterais Sarkozy. C’était des nouveaux militants. L’UDF n’a pas vocation à devenir l’exutoire des déçus du PS. ». Il entraîne avec lui la totalité des maires UDF du département (Eguilles, Miramas, Pélissanne, Gémenos et Ventabren). En France, une centaine de candidats vont concurrencer le MoDem sous le label « nouveau centre » ou l’étiquette « Parti social libéral européen ».

Périlleux pari que de faire passer de « vieux » militants centre-droit de l’autre côté du miroir et de les délivrer de leur reflet, comme Lewis Carroll le fit pour Alice aux pays des merveilles. A condition de réunir 12,5 % des voix des inscrits, le MoDem pourrait se maintenir au second tour et provoquer des triangulaires surtout préjudiciables à l’UMP. Des désistements réciproques entre le PS et le MoDem pourraient en théorie permettre de battre des candidats pro-Sarkozy. Une révolution culturelle qui semble encore improbable. Les partisans de Bayrou et ceux de Royal se disputent pour l’heure le leadership de l’opposition. Et, même affaibli, le PS est toujours mieux placé…

Rafi Hamal

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