La tentation sarkozyste

juin 2007
FN, MNR, MPS. Après s'être fait boulotter leur électorat par Sarkozy, les partis d'extrême-droite sont acculés à résister. Ou à se fondre dans l'UMP.

A l’extrême-droite, c’est la douche froide. Avec « à peine » 14 % des suffrages au second tour des présidentielles, Jean-Marie Le Pen, arrivé en tête dans la région en 2002 (22 %) et soutenu par le « félon » Bruno Mégret (2 à 5 % il y a cinq ans), retrouve à peine son score de 1988. Quant à Philippe de Villiers, il égale son résultat national, 2,3 %. « Nicolas Sarkozy a eu la grosse malice de sentir qu’il fallait tout mettre à droite pour l’emporter. Nos idées ont en partie gagné », analyse Jackie Blanc, président du Front national des Bouches-du-Rhône. 10rv42red_prince.jpg Pour la droite extrême, les législatives s’annoncent difficiles. Sa terre de prédilection se dérobe sous ses pieds. « Les gens n’auront pas eu le temps d’être déçus par le nouveau président », se désole Jackie Blanc. Présent au second tour dans de nombreuses circonscriptions en 2002 (triangulaires ou duels), le FN pourrait même cette année être privé de ce petit plaisir. Chez ces faux-amis, les ambitions sont tout aussi mesurées : si Bruno Mégret peut encore espérer éviter le ridicule à Vitrolles (13), son ancien fief, son délégué régional n’attend guère plus qu’améliorer le score de 2002. Du côté des villiéristes, c’est presque pire. « Il s’agit pour nous de monter en puissance, d’assurer une présence locale la plus large possible », explique Damien Barillier, président du MPF 13.

L’heure est clairement au sauvetage des meubles. Les trois partis ont décidé de présenter le maximum de candidats : dans les 40 circonscriptions de Paca pour le FN, dans 37 pour le MNR et dans 35 pour le MPF. Les arrangements sont donc quasiment inexistants. Le Pen a refusé de reconduire « l’union nationale » avec Bruno Mégret ,et l’accord annoncé entre le MNR et le MPF sur 72 circonscriptions est aujourd’hui démenti par Guillaume Peltier, porte-parole de Philippe de Villiers. Son communiqué reste cependant introuvable… Ce qui explique peut-être pourquoi certaines ententes locales sont bien réelles. « Nous ne présentons pas de candidats à Orange parce que monsieur Bompard [MPF] est un ami », annonce Jacques Waquet, délégué régional du mouvement de Bruno Mégret.

Encore plus fragilisées que le FN dans la région, les deux formations « patriotiques » préfèrent en fait afficher une bienveillance certaine vis-à-vis de l’UMP. Un peu par contrainte, le MPF a négocié l’étiquette « majorité présidentielle » pour sauver ses deux députés vendéens, mais surtout par affinité. Nicolas Sarkozy dispose en effet d’une belle côte de popularité chez les villiéristes et les mégrétistes. « Il a pris en compte nos idées », se réjouit Jacques Waquet, dont le président a toujours plaidé des accords avec la droite républicaine. « Ce n’est pas Chirac. Sur l’économie, l’affirmation des valeurs et de la nation, nous le trouvons digne d’intérêt », renchérit Damien Barillier. Mais pour l’instant, pas question de se fondre dans l’UMP. « On discute », concède simplement Guillaume Peltier. Il y a les meubles à sauver, et surtout les caisses à remplir. « Le nerf de la guerre », selon Jackie Blanc. Il faut également éviter toute hémorragie chez les cadres, comme celle qu’a connue le MNR à Vitrolles ou à Marignane. Le discours est donc à la vigilance, à l’érection de garde-fous pour rappeler, si nécessaire, le président à ses promesses…

J-F. P.

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