Loup affamé cherche brebis dodue : Parc national du Mercantour

juillet 2006
Parc national du Mercantour. Avec l'estive, reviennent les attaques des loups. Préserver à la fois les meutes et le pastoralisme relève de l'exploit.

00rv32charmag_generations.jpg La canicule, les alertes à l’Ozone, le « chassé croisé » des vacanciers fin juillet… On peut désormais ajouter à cette série de fléaux estivaux, et de « marronniers » de la presse, les méfaits des loups sur les blanches brebis… Depuis que Canis lupus est revenu en France, il y a 14 ans, les attaques de troupeaux ne cessent d’augmenter alors même que les mesures de protection se renforcent. « Nous sommes en train de nous faire complètement déborder, déplore Jean Tieny, président de la fédération ovine régionale du Sud (Fros). La gestion de l’Etat prouve sa totale inefficacité. Aujourd’hui, on est en train de tuer le métier de berger. » Cet été, un nouvel arrêté ministériel réglemente des « prélèvements » et des mesures « d’effarouchements ».

« Il est bien sûr totalement exclu de faire entrer une arme dans le c?ur du Parc, précise Pierre Commenville, directeur adjoint du Mercantour. D’où une obligation renforcée de travailler plus fort en faveur du pastoralisme. » 40 agents de terrains sont missionnés pour aller « à la rencontre des éleveurs ». Une centaine de troupeaux passent l’estive dans le parc national. Qui, à l’occasion, n’hésite pas à utiliser les grands moyens : deux abris viennent d’être héliportés sur un alpage pour permettre à un berger de rester près de ses bêtes. Une nouvelle meute s’est en effet installée à proximité. « Les intentions du parc sont louables mais il va bien falloir admettre qu’il est impossible de gérer un animal comme le loup, condamne Jean Tieny. La seule solution serait de sacrifier pour l’élevage un territoire, soigneusement clôturé. »

Dans un débat passionné, les responsables du parc tentent de se positionner en arbitre. « Auprès des visiteurs adeptes de nature sauvage, on fait de la pédagogie pour expliquer le rôle important des éleveurs dans la protection de la nature, souligne Pierre Commenville. Mais on combat l’idée reçue que « puisque le pastoralisme est bon pour l’environnement, que le loup est mauvais pour le pastoralisme, alors le loup serait nuisible à l’environnement. Certaines pratiques d’élevage sont nuisibles à la biodiversité. » Avec un taux de croissance de 15 à 25 % par an et, à ce jour, une population estimée à 120 bêtes dans les Alpes françaises, le loup n’a pas fini d’agiter les alpages. « On n’a rien contre le loup, certifie Jean Tieny. Mais on ne se laissera pas manger. »

M.G.

Alpes de Haute Provence ; Alpes-Maritimes. 28 communes dans l’aire d’adhésion. 214 765 hectares dont 68 495 en c?ur de parc. Créé en 1979. 17 649 habitants (dont zéro dans le c?ur).

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