Petit retard à l’allumage : Parc naturel régional du Verdon

juillet 2006
Parc naturel régional du Verdon. Après neuf ans d'existence, le parc a décidé d'intensifier son action en faveur de ses populations.

Le possible abandon par EDF de son projet de ligne à très haute tension (400000 volts) sur le Verdon (le Conseil d’Etat doit rendre son avis définitif début juillet), galvanise toutes les énergies du moment sur le parc naturel régional. « Ce serait la victoire du pot de terre contre le pot de fer », s’enthousiasme Philippe Chesnau, vice-président Verts du Conseil régional. Même son de cloche du côté de la direction du parc, où l’on parle de « jurisprudence ».

Pourtant, à en croire son chargé de communication, les habitants semblent avoir des attentes plus terre-à-terre de la part de l’établissement public. « Lors de l’enquête publique sur le renouvellement de la charte, la population nous a reproché de ne pas être assez sur le terrain et de ne pas assez ?uvrer pour le quotidien et en faveur de l’emploi », raconte-t-il, avant de se justifier : « Pendant neuf ans, nous avons fait beaucoup d’études, nous sommes comme des adolescents en apprentissage, nous allons pouvoir expérimenter ce que nous avons appris. » Dans ce but, la nouvelle Charte propose la création d’un poste de chargé de mission pour le développement durable, de s’intéresser à l’agriculture en terrain ouvert et de travailler sur l’organisation de filières courtes de distribution des productions locales.

Ce retard à l’allumage illustre cependant parfaitement l’emprise du tourisme sur l’économie du Verdon. Un choix pas toujours apprécié des populations locales. « Elles ont l’impression que leur lieu de vie est structuré pour les touristes », explique Mathieu Leborgne, docteur en sociologie, spécialisé sur la mémoire collective et le sentiment d’appartenance. Un reproche qui n’est d’ailleurs pas nouveau. Dès les années 70, la crainte de voir céder le territoire au tourisme de masse était déjà présente. « Dès cette époque, Maurice Janetti, l’initiateur du parc, avait senti que le lac de Sainte-Croix provoquerait une activité monotouristique perturbatrice », poursuit l’universitaire. Aujourd’hui, le lieu concentre une grosse partie de la fréquentation du parc alors que des terres et des forêts sont à l’abandon. Avec les risques d’incendies et pour la biodiversité que cela inclut.

J-F.P.

Alpes-de-Haute-Provence et Var. 45 communes. 176961 hectares. Créé en 1997. 19585 habitants. 00rv32charmag_moustiques.jpg

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