Un rempart de zones commerciales

novembre 2008
Hypermarchés

Zones commerciales au Nord, au Sud, à l’Est, à l’Ouest. La réalité d’Avignon a peu à voir avec son image d’Epinal de vieille cité des papes. « Marie-Josée Roig ne sait pas utiliser le potentiel de la ville : la gare TGV, la plateforme agroalimentaire ou encore le titre de capitale européenne de la culture en 2000. Le maire confond développement économique et commercial », affirme André Castelli, conseiller général PCF. Et de pester : « Avignon est devenue un immense supermarché ! »

Avec plus de 300 000 m2 de surfaces commerciales, la Communauté d’agglomération du Grand Avignon (Coga) représente une des plus importantes zones de chalandise d’Europe. Alors que la France, leader européen de la grande distribution, compte 290 m² de surface de vente hyper et supermarché pour 1 000 habitants, la Coga en affiche 469 ! Et ça n’est pas fini. Plusieurs projets sont dans les cartons, dont l’implantation d’un Ikea en 2011, qui accroîtra à lui seul la pollution commerciale de la communauté d’agglomération de quelques 40 000 m2 supplémentaires (partenaires spécialisés dans l’ameublement et l’électroménager et nouveau multiplexe compris) ! Conséquences : saturation des voies d’accès des centres commerciaux, impacts sur les commerces de proximité, turnover des enseignes… et même une concurrence acharnée des zones et des enseignes entre elles !

« Dans la Coga, Auchan Nord (le Pontet) est en train de gagner sa bataille contre Auchan Sud (Avignon) ! », se désespère André Castelli. « C’est la loi du marché », résume une technicienne de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Elle craint pourtant que la nouvelle législation autorisant l’ouverture de magasins de moins de 1 000 m2, au lieu de 500 m2 aujourd’hui, avec un simple permis de construire n’entraîne un développement commercial anarchique. Ce sont les maires qui délivrent les fameux permis.

La situation est telle que la CCI du Vaucluse, pourtant difficilement taxable d’ayatollah de la décroissance, a tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme. En mai 2006, Dynamiques Vaucluse, son organe de propagande, titrait d’un très pudique « Equilibre commercial en danger » un dossier particulièrement sévère à l’encontre des responsables politiques locaux : non-respect du schéma de développement commercial 2004-2010 (+ 140 000 m2 fin 2006 au lieu des 102 000 m2 programmés sur la période), absence de plan développement économique concerté et de réinvestissement des taxes professionnelles en faveur de la promotion des commerces de centre ville… (1).

Un carton jaune adressé en particulier à la Coga. Marie-Josée Roig, sa présidente, affirme qu’il est possible de concilier grandes surfaces et petit commerce (Cf. notre interview page 14). Quant à la puissance de feu du service Aménagement et développement économique de la communauté d’agglomération, censé réguler la situation, elle est dérisoire : un seul agent, directeur territorial, également en charge des transports, selon le dernier rapport de la chambre régionale des comptes, publié il y a un an. Tant que les taxes professionnelles rentrent…

Jean-François Poupelin

Imprimer