le Ravi, combien ça coûte ?

mars 2022 | PAR Jean-François Poupelin
Mais comment vit ce Ravi qui fait chaque année la manche ? Et à quoi sert le fric qu’on donne ? Bonnes questions ! Éléments de réponse.
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Le calcul est simple. L’addition du manque à gagner du désengagement des collectivités locales et des frais d’avocat de notre dernier procès bâillon, pourtant gagné, couvre quasiment le déficit 2021 de la Tchatche. Il devrait dépasser les 40 000 euros, soit un peu plus d’un sixième du budget de l’association qui édite le Ravi. Ce dernier culmine en effet à 260 000 euros pour six salariés (5,8 équivalents temps plein), une dizaine de journalistes rémunérés à l’article et une douzaine de dessinateurs. Autant l’avouer : la Tchatche n’a même pas les moyens d’organiser des séminaires de travail à l’Ibis Budget de Fos-sur-Mer !

Résultat, en 2021 ni prime Macron ni augmentation. Notre seule folie a été de renouveler une partie d’un parc informatique vieux de dix ans : une dépense de quelques 4 500 euros. Pour le reste, on a fait dans le classique : la rémunération chargée des permanents et de nos pigistes a représenté 162 500 euros (1), nous avons versé 10 000 euros de droits d’auteur à nos dessinateurs et 20 000 euros à notre imprimeur. Le solde est revenu à La Poste pour l’expédition du journal, aux charges de notre local, à notre comptable, pour notre système d’abonnement en ligne, à notre développeur web, à notre coopérative de diffusion en kiosques et à quelques autres prestataires.

Burn out

Côté rentrées, le retrait du département des Bouches-du-Rhône de Martine Vassal (LR) et les promesses de soutien non tenues de la ville de Marseille dirigée par Benoît Payan (PS) nous ont obligé à être imaginatifs et à mettre un peu plus d’huile de coude. Nous avons porté notre autofinancement à près de 75 %, un exploit pour une association. En chiffres, on frise le burn out : 77 000 euros de ventes du Ravi, 37 000 euros de prestations (notamment des projets de journalisme participatif), 16 000 euros de dons, 17 000 euros d’une fondation pour développer nos outils numériques et 10 000 euros de pub.

Le reste de nos produits (67 000 euros) provient de l’État : 20 000 euros d’aides pour trois emplois aidés, qui ne le sont plus depuis février dernier, 20 000 euros du fonds de soutien aux médias d’information sociale et de proximité et plusieurs petits financements pour nos différentes actions d’éducation aux médias.

Si on sait au Ravi et à la Tchatche que les petits chèques font de grosses sommes, nous savons aussi que pour poursuivre l’aventure nous avons autant besoin d’énergie, de temps, que d’argent. Les 100 000 euros que nous demandons nous permettront justement de renforcer l’équipe, qui est redescendue à cinq salariés ce début d’année, et de travailler sereinement, notamment à une refonte de votre journal adoré. Sans avoir le couteau de la mauvaise humeur d’un ou d’une responsable d’une collectivité locale sous la gorge.

1. Depuis novembre dernier, nous avons fait le choix de l’égalité salariale pour ses permanents. Hors ancienneté, le salaire brut d’un salarié de la Tchatche, quelles que soient ses missions, est de 1 750 euros bruts sur 13 mois.