L'heure de la Ravilution !

juin 2022 | PAR le Ravi
739 donateurs ont réuni en trois mois 63 000 euros pour sauver le Ravi. Grâce à eux, et à ceux qui financent notre indépendance en s'abonnant à ce journal, voici venu le temps d'une réinvention éditoriale du journal pas pareil et de son projet d'éducation populaire.

« Longue vie au Ravi ! », « continuez, nous avons besoin de vous ! », « allez courage ! », « avec vous pour une presse libre et indépendante en Paca ! », « pour une santé de fer à ce journal ! », « en attendant que la loi protège réellement le journalisme pluriel… », « vivement que vous n’ayez plus besoin de faire la quête ! », « les grands industriels alimentent les grands faux journaux, les petites gens doivent alimenter les petits vrais journaux ! », « ne lâchez rien ! », « tout ce qui peut faire chier les fachos est bienvenu ! Surtout si c’est avec talent ! (et vous en débordez ! ) », « bravo pour votre ténacité et votre courage ! », « je tiens absolument à la survie de votre indispensable et impertinente publication », « merci pour le renforcement de mes zygomatiques et la pertinence de vos analyses… Continuez ! », « vous êtes une bouffée d’air et de légèreté »…

C’est peu dire, durant trois mois, que vos messages de soutien nous ont portés. La campagne SOS Ravi, débutée début mars s’est achevée le 31 mai. Sur notre plate-forme de don numérique, par courrier, par virement, lors d’un concert au Molotov à Marseille, lors d’une soirée de soutien au Rallumeur d’étoiles à Martigues, lors de débats à l’occasion de projections du documentaire Media Crash à Marseille, Six-Fours-les-Plages et Avignon, parfois en apportant eux-mêmes à la rédaction une petite contribution en grimpant trois étages, 739 donateurs nous ont permis de rassembler 63 000 euros.

Un montant historique

Dans l’histoire du journal et de la Tchatche, l’association qui l’édite, pourtant parsemée de « couscous bang bang », l’expression maison pour parler d’une levée de fonds, c’est un montant historique. Nous n’avions jamais fait autant et jamais en si peu de temps. A toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette campagne, nous pouvons rajouter les centaines de lectrices et lecteurs qui n’ont pas craint, ces dernières semaines, de renouveler leur abonnement, parfois en optant pour une formule de soutien. Sans oublier les nombreux encouragements et contributions bénévoles de celles et ceux qui n’ont pas pu, cette fois-ci, contribuer financièrement…

En trois mots : un grand merci ! Grâce à vous le Ravi a survécu. Rappelons rapidement le pourquoi de cette mobilisation. Depuis une année et six mois la Tchatche, qui édite le journal et mène des actions d’éducation populaire, est privée du soutien de l’ensemble des collectivités locales. Trois chiffres résument l’année 2021 : 0 % d’aides des institutions locales donc, mais également 6 % de progression du chiffre d’affaire lié à nos ventes et un niveau d’autofinancement atteignant 78 %. Ce dernier pourcentage est un exploit pour une association !

Grâce aux 63 000 réunis nous avons évité un dépôt de bilan et atteint le premier objectif : survivre. Et quid du deuxième objectif, faire monter le compteur à hauteur de 100 000 euros pour « vivre en cessant de survivre » ? Rempli à 63 %, le verre est plus qu’à moitié plein mais ne permet toujours pas de nous enivrer ! Des partenariats comme celui avec Ritimo, le réseau pour « un changement par l’info et un monde solidaire » qui parraine notre page Grande Bleue, offrent déjà des perspectives. La ville de Marseille entrouvre ses portes en promettant le vote d’un soutien, fin juin, aux actions de la Tchatche ainsi qu’en consacrant en 2022 un budget « com » au Ravi. La région Paca et le département des Bouches-du-Rhône optent jusqu’ici pour le silence…

On rame sec

Soyons francs et transparents comme nous aimons que le soient ceux que nous questionnons pour préparer nos articles. Un journal pas pareil n’est pas produit par des algorithmes. Les six salarié.e.s qui portent l’aventure doivent sans cesse ramer sec et dur pour qu’elle se poursuive. L’enthousiasme des bénévoles qui animent l’association, certains depuis des années, s’émousse parfois à force de traverser des tempêtes. Pour tous, la fatigue se fait sentir, souvent surmontée grâce à vos encouragements et par un goût immodéré pour la satire, pour une presse qui enquête, pour un média engagé dans des actions citoyennes. La période qui s’ouvre s’annonce donc complexe, tumultueuse, incertaine. Mais passionnante.

Nous nous y sommes engagés en lançant notre SOS. Il s’agissait de nous éviter le pire mais aussi de nous aider à projeter le meilleur. L’heure pour les « Ravi » et les « Tchatcheurs » est maintenant au remue méninge généralisé pour mener, probablement par étapes, une refonte éditoriale, fidèle à nos fondamentaux mais inventive. Tout est sur la table : une autre temporalité pour mieux articuler version imprimée et internet, un nouvel objet papier, un autre rapport au territoire où nous nous diffusons, un questionnement sur nos partis pris et notre modèle économique. Nous souhaitons toujours publier un hors série rassemblant le meilleur de 18 ans de dessin de presse. Bref l’heure est à la « Ravilution ». Et, une fois de plus, elle ne se fera pas sans vous.

Prochaines étapes ?

Jeudi 9 juin : première réunion des petites mains de l’association pour discuter de la Ravilution.