"Je vais pouvoir demander une augmentation"

avril 2021 | PAR le Ravi
Écoutez l'émission:
Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Face au danger, le Ravi oublie tous ses principes, et squatte sa propre émission de radio !!

Alors qu’il risque de disparaître s’il ne trouve pas au moins 500 nouveaux abonnés, le mensuel satirique de Paca s’auto-invite dans sa propre émission radio La Grande Tchatche, en partenariat avec Radio Grenouille !

Mais c’est pour poser la seule question qui vaille : en ces temps de vie et de démocratie confinée, qu’est-ce qui est encore essentiel ??

Pour en débattre, notre rédac-chef Michel Gairaud a réuni la fine fleur de l’équipe ravie. Embarquez avec nous sur les ondes de la Grenouille !

Le dessin de presse, essentiel ?

« – Faut être sérieux pour être dessinateur de presse. Ça réclame beaucoup d’abstinence, de sacrifice, d’amour de l’actualité et de l’information. C’est un métier très très très sérieux.
– On a un peu l’impression de regarder dans la cuvette des chiottes, et d’en faire quelque chose de joli. C’est quasiment un sacerdoce .
– Sauf que les curés, eux, ils sont payés ! »
Charmag, Red ! et Trax

« S’il disparaît le Ravi, ça va faire un grand trou, je vois pas par quoi ça peut être remplacé. »
Charmag

« J’ai déjà ouvert le champagne parce que je sais que tout le monde va s’abonner, et que je vais pouvoir demander une augmentation. »
Trax

La satire, essentielle ?

« On a besoin de satire en Paca parce que dans cette région l’actualité c’est tout le temps des grands enjeux, très sérieux, sur l’environnement, le social, l’économie, la manière de faire de la politique… Et souvent sur tous ces enjeux la réalité en Paca elle est pas très très drôle…
Alors pour pas baisser les bras face à ça, c’est essentiel de pouvoir en rire, de pouvoir se moquer des puissants et des hypocrites, de jouer les idiots, pour mieux faire apparaître certaines vérités. »

Frédéric

L’enquête, essentielle ?

« Notre métier ça reste aussi malgré tout de raconter les trains qui n’arrivent pas à l’heure. On se dit que ça a quand même un petit impact : quand on voit des élus qui achètent tout le tirage du Ravi dans les kiosques pour pas que leur population lise ce qu’on a écrit, on se dit qu’on doit viser un peu juste. »
Sébastien

L’éducation aux médias, essentielle ?

« On ne veut pas être juste dans de l’explication de texte, mais mettre en pratique le journalisme, dans les quartiers populaires. Donner la parole à ceux qui l’ont peu et qui  apportent énormément par la connaissance de leur territoire et des acteurs.
On se pose sur un temps long, sur un trimestre, avec des interventions hebdomadaires et des habitants qui se constituent en rédaction, pour arriver à production d’un journal de huit pages. C’est un apprentissage mutuel. »

Jean-François

« C’est la question qui revient tout le temps en atelier : comment on fait un journal, comment l’information se fabrique ?  Comment vous trouvez vos infos ? J’essaie de montrer aux élèves qu’on peut s’informer en rigolant. Et aussi que la presse imprimée et la presse satirique, ça existe encore.C’est un cliché de dire que les jeunes s’informent pas et ne lisent pas. C’est juste pas les mêmes canaux, mais l’envie d’information est très prégnante, ce besoin de rire de se moquer des politiques aussi. Et c’est dans tous les quartiers.Ça nous renforce dans la conviction de faire notre boulot de journaliste, mais ça nous permet aussi de se dire qu’on sait pas toujours bien le faire. »
Léa

Les médias libres, essentiels ?

« Il y a tout un écosystème de médias associatifs, à but non commercial, qui font un travail d’éducation et de poil à gratter. On est tout petit, on pèse pas lourd, mais on sait comment se définir : on est des médias pas pareil, on est pas public, on est pas privé, on a pas de pub pour autre chose que la culture ou la viticulture. »
Sébastien

Les abonnés, essentiels ??

« le Ravi a un budget annuel de 270 000 €, et les subventions publiques ne représentent qu’un quart de ce budget. Depuis la mise en place du nouveau site internet, nos ventes ont doublé. On a même réussi à remonter dans l’estime de notre banquier. Mais les effets du Covid, c’est maintenant qu’on les ressent. »
Cécile

« Abonnez-vous, abonnez vos amis, vos ennemis. Il y a des abonnements pour toutes les bourses : 100 % numérique, à prix réduit pour les précaires, des abonnements six mois… Les abonnés, c’est le véritable enjeu pour un média libre. Vous êtes le socle, sans vous rien n’est possible ! »
Séphora

Si un seul de ces enjeux est pour vous essentiel,
abonnez-vous au Ravi !

17 ans et toutes ses dents

17 ans. 18 si tout va bien en juin prochain. L’âge du Ravi.

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Et c’est une qualité pour un journal satirique !

Il fallait être un peu perché, en 2003, pour lancer, sans argent déjà, sans expérience, un journal régional. Une poignée d’aventuriers n’en peuvent plus à la lecture de la presse locale, si conformiste, si prudente, si révérencieuse avec les pouvoirs.

Ils créaient une association, la Tchatche, qui veut faire débattre en Provence, dans les Alpes et sur la Côte d’Azur. Parce que les enjeux locaux ne se limitent pas aux frontières d’une seule ville. Ils éditent un mensuel pour faire entendre la parole de tous ceux qui ne l’ont pas : dans les quartiers populaires, riches d’une expertise citoyenne méprisée, jusque dans les universités, où de jeunes chercheurs précarisés sont inaudibles.

Depuis ses premiers pas, le Ravi marche sur deux jambes : la satire et l’enquête.

Le dessin de presse s’impose comme la marque d’un journalisme exigeant, « poil à gratter », qui passe par la fenêtre quand les portes sont fermées. Et qui préfère en rire qu’en pleurer. Très vite le Ravi s’engage dans des projets d’éducation populaire et s’investit dans les collèges et lycées. Pour y défendre un journalisme citoyen et pour le pratiquer.

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Et on a de l’énergie à revendre.

Après avoir bataillé pour faire converger les médias pas pareils, après avoir ouvert ses colonnes sur la méditerranée, le Ravi, toujours imprimé tous les mois, est désormais aussi un site animé chaque jour. Où l’on trouve toutes les semaines des « exclus web », des dessins, des enquêtes et des reportages inédits.

Il faut être un peu perché, en 2021, pour faire vivre un journal à l’écart des autoroutes de l’information. Où tout va très vite. Mais pas très loin, au même endroit, au même moment.

le Ravi aime bifurquer. Prendre son temps (ou du moins essayer). Aller ailleurs. Autrement.

Une fois de plus son avenir dépend de vous, de ses lecteurs et futurs lecteurs. Et là, c’est très sérieux ! Abonnez-vous !

M. G.

 

 

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