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avril 2020 | PAR Michel Gairaud

Un nombre parlant

Un seul être vous manque… Je suis Yakana, « vagabond casanier, poète ricaneur, punk aristocrate« , selon sa propre définition de celles et ceux qui pratiquent « cet art futile, fragile, compliqué, éphémère, périssable… » : le dessin de presse. Plume historique du Ravi, « un vilain petit cancer qui ne voulait pas (le) lâcher » l’a emporté.

Je ne suis pas une nécrologie, pas le genre adulé au mensuel régional pas pareil. Je ne suis surtout pas lugubre ni solennel. Je suis Yakana. Convaincu, jusqu’au bout, en pleine psychose mondiale du Coronavirus, que « la vie est belle« , invitant ses amis à se retrouver, après son départ, pour une fête avec du vin, de la musique. Et leur offrant, ainsi qu’à sa compagne et leurs enfants, avec une poignée de dessins, une « petite méthode empirique pour pêcher les songes« .

Yakana y liste, entre autres, avec son humour inimitable, les formes de sommeil :  « la nuit en lasagnes, en vol de canards sauvages, en mangrove, en blocs de bétons, en pluie d’étoiles filantes… » Je suis l’épitaphe laissée par un sacré bonhomme : « Si on dit de moi plus tard que je suis passé en n’étant qu’un rêveur, j’en tirerai motif de fierté. Même mort. »