Super travesti

novembre 2020 | PAR Michel Gairaud

Imaginez Plantu, se rendant tous les jours à la conférence de rédaction de l’austère quotidien Le Monde, habillé en… femme. Il suffit de franchir la Manche pour assister à pareille scène. Steven Appleby, dessinateur de presse de premier plan publié notamment par The Guardian, The Times, The Observer, se travestit publiquement depuis le milieu des années 90. Il publie son premier roman graphique, adoubé par Posy Simmonds, reine anglo-saxonne du genre, l’autrice de Tamara Drewe, adapté au cinéma par Stephen Frears. Et Steven Appleby fait mouche !

Dragman conte l’histoire d’un super-héros inédit, bien moins barbant que ses homologues ricains bodybuildés : adolescent, après avoir enfilé un bas oublié par sa mère, il se retrouve collé au plafond, découvrant ainsi son pouvoir de voler. Allié à Dog girl, la fille dotée d’un flair exceptionnel, sans renoncer à sa vie de bon père de famille, il se lance dans un tumultueux combat contre Black Mist. Cette compagnie tentaculaire achète les âmes dans une Grande Bretagne dystopique. L’histoire ne précise pas si l’action se situe après le Brexit… Et pour ne rien arranger, un tueur en série élimine, l’une après l’autre, les filles trans de Londres qui aiment se retrouver au club « Pretty Pretty« .

Dragman est une pépite, conjuguant non-sens, critique sociale, chronique de mœurs et inventions visuelles.

Dragman, par Steven Appleby, éditions Denoël Graphic, 336 pages, 24,90 euros.