Oeil pour oeil

novembre 2020 | PAR Guillaume Cherel

Lors d’une manif, des activistes perdent un de leurs membres. Suite à ce drame, ils enlèvent une dizaine de patrons du CAC 40 pour forcer le président à appliquer une réelle politique anticapitaliste. L’idée est excellente et dans l’air du temps. La radicalisation monte, le sentiment d’injustice aussi, la jeunesse se mobilise, l’écologie ne se discute plus, tout est en place pour que ça bouge. Le début du film est réalisé façon documentaire, puis on passe au ton BD. Du coup, difficile d’imaginer qu’il s’agit bien de Macron lisant un texte imposé à la télé ou Arnault, Bolloré et consort qu’on fait coudre, boulet au pied. Le sujet était casse-gueule et le film de Pierre Zeller « vendu » comme d’anticipation mais on est bien en 2020. Entre réalisme et caricature, sur le fond, il n’y a que du vrai mais la forme ne suit pas toujours. On ne s’improvise pas Ken Loach. Ça sent le manque de moyens, mais le film a de l’énergie à revendre. Notamment grâce au talent des acteurs comme Jean-Jacques Vanier et avec, en « guest », la bande à Charline Vanhoenacker. Le réalisateur connait ses classiques révolutionnaires et malgré les bémols, le fonds (de vérité) social est là. Peut-être que le sujet méritait un meilleur équilibre. Basta Capital, présenté en avant-première il y a un an au festival de la compagnie Jolie Môme, a quand même su braver deux confinements pour ressurgir pour les deux ans des gilets jaunes.

Basta Capital, par Pierre Zellner (1h35), disponible en VOD.