Ça Matrix...

mars 2020 | PAR Sébastien Boistel

À l’heure où, quand les théâtres n’ouvrent pas leurs portes pour les meetings des candidats aux municipales, ce sont parfois les patrons de ces établissements eux-mêmes qui se retrouvent candidats, aller voir l’adaptation de 1984 ne peut pas faire de mal. En adaptant l’œuvre la plus connue de George Orwell, Collectif 8 n’a pas choisi la facilité. Mais cette compagnie niçoise se caractérise justement par le fait de mêler théâtre et arts numériques. Et si le message, c’est le medium, voilà le bon outil pour rendre compte de l’atmosphère d’un roman prophétique tellement d’actualité qu’on pourrait presque penser que l’auteur anglais se soit montré un poil trop optimiste. Si l’on a échappé à l’affrontement nucléaire, en revanche, la surveillance généralisée, la « nov-langue », la culture de la peur, la recherche éperdue de boucs-émissaires et le rétrécissement sans cesse de nos libertés, nous sommes en plein dedans ! Alors que la Quadrature du net avec la Ligue des droits de l’homme s’attaquent à la « Techno-police », produire une telle pièce en pleine période électorale est un geste on ne peut plus politique. Et un joli pied de nez sachant que la compagnie est soutenue, entre autres, par la Région, les Alpes-Maritimes et la ville de Nice, des institutions en première ligne dès qu’il s’agit de dégainer caméras, biométrie et autres dispositifs de surveillance.

1984, adaptation théâtrale du roman éponyme par Collectif 8. Du 4 au 20 mars, au théâtre Anthea d’Antibes, le 24 à Draguignan et le 27 à Velaux. Plus d’info : collectif8.com. Photographie par Meghann Stanley.