Noailles toujours debout

novembre 2020 | PAR Jean-François Poupelin

L’année dernière, les habitants de Noailles avaient eu besoin de s’approprier un lieu de souvenir pour les huit morts du 5 novembre 2018 suite à l’effondrement de deux immeubles, rue d’Aubagne. Ils ont maintenant eu l’envie de leur offrir « un objet de mémoire », pour reprendre les mots de l’écrivaine Valérie Manteau, habitante de ce quartier central et populaire de Marseille et membre du Collectif du 5 novembre. S’appuyant sur les traces conservées par la dessinatrice Lénaïg Letouze du baptême officieux de la « Place du 5 novembre », en haut de la rue suppliciée, où trône un buste d’Homère, est né un ouvrage délicat au nom éponyme. Le trait fin et le noir et blanc, rehaussé de rares touches de couleurs, accompagnent avec beaucoup de douceur l’adresse plus virulente au poète grec de l’écrivain Serge Valetti, scandé par des crieurs publics le 5 novembre 2019. Un texte qui parle des bruits de l’effondrement, mais aussi des pleurs de douleur et de deuil, des chaînes qui ferment les logements évacués. « C’est un hommage sonore pour conjurer des bruits horribles qui devient objet », se félicite encore Laurent Marrot du Collectif du 5 novembre. Un objet doublement utile puisque les bénéfices serviront à accompagner des projets sur le quartier.

Place du 5 novembre, Lénaïg Letouze (dessins) et Serge Valetti (texte). Après la criée publique du 5 novembre 2019, 10 euros, en vente chez tous les bons libraires de Marseille.