Des vertes et des pas mûres

avril 2020 | PAR Jean-François Poupelin
Des pistes cyclables, un service environnement depuis peu, des zones agricoles protégées... Martigues la rouge commence à se verdir. Mais sur un territoire dépendant de la pétrochimie et dans un environnement particulièrement pollué, il y a encore du boulot. Et beaucoup d'attentes. Comme le rappellent les ados de la MJC avec lesquels ce supplément a été fabriqué.

Cette fois, il n’y a pas eu débat. En proposant à la commission jeunes de la Maison de la jeunesse et de la culture (MJC) de Martigues (13) de remettre le couvert et de repartir pour une nouvelle aventure de journalisme participatif (1), le Ravi a été pris à son propre jeu. Toujours prompt à arriver les bras chargés de sujets, il s’est vu imposer le cahier des charges : travailler sur l’écologie. Il faut dire que la poignée de participants (2) fait partie de ce que les médias ont dénommé la « génération climat ». De fait, Mélissa, Nina, Baptiste et Silas sont lycéens, tous sensibilisés aux problèmes environnementaux, et ont ou auraient pu défiler lors des marches pour le climat.

Ils habitent aussi un territoire singulier à plus d’un titre. Et d’une, leur ville, Martigues, est installée sur les rives de l’étang de Berre, le deuxième plus grand étang salé d’Europe à l’écosystème aussi exceptionnel que menacé. Et de deux, la « Venise provençale » est sous perfusion de l’industrie pétrochimique qui, si elle apporte emplois et richesses, génère aussi une pollution qui inquiète chercheurs, population et même l’Agence régionale de la santé. Et de trois, Martigues fait partie des dernières représentantes du communisme municipal.

Ce qui n’est pas rien et pourrait être pire. S’il est compliqué pour Gaby Charroux, le maire PCF depuis 2009, qui vient d’être réélu au premier tour pour un troisième mandat avec une majorité plurielle incluant des écologistes d’EELV et des militants LFI, d’envisager la vie sans la pétrochimie, son équipe est loin d’être allergique à la verdure (3). Sur son dernier mandat, la majorité municipale a ainsi développé les pistes cyclables et sorti sa première voie en site propre, sanctuarisé des terres agricoles, recruté un directeur « environnement » ou lancé une demande de classement de l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’humanité (Unesco).

Générations climat

Et les promesses de la prochaine mandature, qui s’affichaient en tête du programme de Gaby Charroux pour ces municipales, menacent de faire passer la ville du rouge au vert : développer les liaisons maritimes entre l’est et l’ouest de l’étang, sanctuariser la plaine de Bonnieu, mettre à disposition des espaces potagers à la manière des jardins ouvriers, se donner 17 objectifs de développement durable (climat, biodiversité, énergie, éducation, etc.) ou encore créer un conseil local de la ville durable composé de citoyens, représentants d’associations et d’élus. Liste non exhaustive.

Ce sont autant ces promesses que la réalité de leur territoire que les jeunes de la MJC – accompagnés de Mike Wright, le directeur de la structure – ont voulu questionner. Liens entre pollutions et santé de la population, état de l’étang de Berre, transition industrielle, promesses électorales et décisions politiques (locales comme nationales), enjeux écolos du territoire, sont autant de sujets que Mélissa (qui a abandonné dans la dernière ligne droite), Nina, Baptiste et Silas ont été interroger.

Sans oublier la réalité de l’engagement de leur génération. Ou plutôt leur-s génération-s. Car si la « génération climat » agit pour la planète, elle se questionne aussi beaucoup. Et est finalement beaucoup moins monolithique que ce que vendent habituellement les médias !

1. le Ravi n°174 (mai 2019)

2. Du fait d’un large renouvellement de la commission jeunes, le medialab a pour l’instant été moins intéressé. Mais que notre petit groupe soit encore remercié et félicité !

3. Gaby Charroux et son cabinet n’ont pas donné suite à nos nombreuses sollicitations.