Didier Réault (LR), invité de la Grande Tchatche

mai 2019 | PAR Marie Allenou, Michel Gairaud, Rafi Hamal
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Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Pour Didier Réault, président du parc national des Calanques, vice-président LR en charge du budget au CD 13, « Libéralisme et écologie vont ensemble »

Le Ravi : François-Xavier Bellamy était-il un choix pertinent pour rassembler la droite ?

Didier Réault : François-Xavier Bellamy est jeune, il a une réflexion intéressante, pas partagée par tous les Républicains. Il porte la voix de la droite décomplexée. (…) Ça m’aurait mieux convenu si on avait choisi un candidat plus libéral. Je défends la liberté et je regrette que ce ne soit pas la principale valeur de mon parti.

Libéralisme économique et écologie, c’est compatible ?

Contrairement à ce qu’on croit, écologie et libéralisme vont ensemble. C’est un esprit de responsabilité, qui respecte la diversité et la biodiversité. On a souvent confondu en disant « regardez, les libéraux, ces salauds de capitalistes ! ». Le libéralisme, c’est la responsabilité de chacun, la liberté d’entreprendre comme on le souhaite.

Comment gère-t-on un parc national en lisière d’une métropole ?

Dans une agglomération de deux millions d’habitants, on est obligé d’écouter les avis des uns et des autres. Parfois on utilise une force de contrainte, mais on est plutôt sur une démarche de persuasion et de sensibilisation. (…) Il y a notamment des discussions régulièrement pour limiter un certain nombre de projets immobiliers en zone d’adhésion (à la lisière du parc, Ndlr).

En tant que président d’un parc national, êtes-vous satisfait de la politique écologique d’Emmanuel Macron ?

Le président nous dit « l’écologie, l’énergie, la biodiversité, j’en fais ma priorité », mais depuis près de trois ans il y a une restriction des crédits accordés au ministère de l’Ecologie. Notamment ceux pour gérer les espaces naturels, qui sont une solution dans la lutte contre le changement climatique.

Pourquoi dénoncez-vous le décret qui transfère du ministère au préfet les autorisations de projets dans des sites classés ?

Ce décret pose un vrai souci car si on abaisse les autorisations au niveau des préfets, on aura beaucoup plus de pressions locales. (…) Donc oui c’est un recul et une mauvaise nouvelle enclenchée par le gouvernement.

Quand les calanques seront-elles préservées de la cohorte de voitures qui pénètrent en son cœur ?

L’accessibilité du parc est un enjeu majeur de mon mandat. Il faut absolument que nous ayons la capacité de convaincre que la voiture ne doit plus être le moyen exclusif d’accès aux calanques. (.…) Nous avons proposé un plan, d’une dizaine de millions d’euros, qui inclut plusieurs solutions : améliorer les transports en commun et diminuer la pression des voitures en interdisant le stationnement sur les espaces naturels.

Comment est-il encore possible qu’Alteo, après les boues rouges, déverse toujours ses effluents dans les eaux du parc ?

Nous avons trouvé un compromis. Le parc national a été créé pour trouver des solutions. Si j’écoutais certains, il aurait fallu détourer du cœur de parc toutes les zones problématiques, dont l’exutoire de Cortiou, celui d’Alteo. (…) L’usine est en train de résoudre la question des boues rouges, ce qui n’avait pas été fait depuis 50 ans. Est-ce que ce n’est pas ça de faire accepter un espace naturel dans une agglomération de deux millions d’habitants ? Sans sacrifier une entreprise qui est performante au niveau mondial et qui en inspire d’autres, comme Rio Tinto, par son innovation sur le traitement de ses rejets.

La fermeture de la plage des Catalans à 20h, malgré les recours juridiques d’habitants, n’est-elle pas une curiosité, l’été, dans une grande ville comme Marseille ?

Avant 2008, cette plage était privatisée par quelqu’un qui faisait payer un droit d’entrée. Lorsque Jean-Claude Gaudin m’a confié la délégation « mer, littoral, nautisme et plage », le premier objectif était de rouvrir les Catalans. On l’a fait dans les trois semaines et gratuitement. (…) Mais la nuit sur nos plages, il y a des nuisances pour l’ensemble des riverains. Je parle de barbecues, de concerts jusqu’à 4 heures du matin, de bagarres, de dégradations. Le libéralisme ce n’est pas le désordre, c’est aussi l’ordre public !

Martine Vassal fait le choix d’endetter le département où vous avez la charge du budget. Est-ce une stratégie électorale ?

Quand on investit dans des infrastructures qui ne verront le jour que dans six ans, on n’est pas dans le clientélisme ! On ne peut pas nous dire « il n’y a pas assez de transports » et puis « vous vous endettez » lorsqu’on finance les transports. Le département était très peu endetté à notre arrivée. Pour préparer la fusion avec la métropole, le département investit beaucoup. Mais si vous regardez nos dépenses de fonctionnement, elles ne progressent pas extrêmement rapidement (…). C’est sûr qu’on peut gérer une institution en se disant « on n’emprunte pas beaucoup, on gère avec ce qu’on a », mais ça manque d’avenir ! Afin que ce soit plus acceptable pour nos concitoyens, il faut avoir des projets. Nous les finançons avec des emprunts raisonnables.

Guy Tessier, qui vous a lancé en politique, veut mener une liste aux municipales alors que Lionel Royer-Perreaut, son ancien suppléant désormais maire de secteur, est aussi candidat. Qui soutenez-vous ?

Guy Teissier a fait ses preuves sur les 9 et 10ème arrondissements depuis des années. Il a encore cette capacité à être le leader. Lionel Royer-Perreaut aussi a un excellent bilan. Ce n’est pas Pierre, Paul ou Jacques qui décide lui-même de conduire la liste. Je ne suis pas dans un comité de soutien car au moment de la décision, il faudra que j’aie mon libre arbitre…

Martine Vassal est-elle votre candidate préférée pour la mairie centrale ?

On sent bien que Martine Vassal est dans les starting-blocks. Elle a su montrer, dans une institution importante sur ce territoire (Le département. Martine Vassal préside également la métropole, ndlr), qui investit 500 millions d’euros par an avec 2,5 milliards de budget, qu’elle avait une détermination et une capacité de mobilisation des élus autour de ses projets.

Diriez-vous, comme Bruno Gilles, lui aussi à LR et déjà candidat pour la mairie centrale, qu’il faut une nouvelle gouvernance à Marseille ?

Bien sûr qu’il faut une nouvelle gouvernance, sans doute plus en phase avec les années 2020.

Mais comment votre majorité au pouvoir depuis un quart de siècle peut-elle incarner le changement en assumant le bilan ?

A chacun son époque. La municipalité de Jean-Claude Gaudin a fait émerger des personnalités, des porteurs de projet, dont moi, qui sont là et qui ont pu s’exprimer et faire avancer les choses…. Et à chaque époque, sa gouvernance ! On aurait dû évoluer bien avant vers plus de modernité. (…) Si je devais avoir un exemple de gouvernance, c’est celui que nous nous appliquons au Conseil départemental sous la présidence de Martine Vassal. Il faut être plusieurs à discuter d’une décision pour la prendre collégialement. Plus le débat est ouvert, plus on trouve les solutions les plus appropriées à une difficulté ou à un projet.

La rue d’Aubagne et ses 8 morts pèsent-ils lourds ?

Ce drame est absolument catastrophique pour les familles et tous ceux qui ont perdu la vie. Il marque la fin de ce mandat de façon très triste. Je ne rentrerai pas dans les détails du dossier car je ne suis pas qualifié pour le faire et je pourrai dire des bêtises. Mais vous sous-estimez la façon dont ça a pu tous nous marquer…