Mauvaise impression
« Les emmerdes, ça vole en escadrille », disait Chirac. Comme le Ravi, notre imprimeur, MOP, jadis dans le giron de Riccobono, aujourd’hui en redressement judiciaire, est lui aussi au bord du gouffre. Comme tous les soirs, sort des rotatives L’Humanité. Mais, dans une bannette, en face du panneau syndical, un fascicule : « Bien vivre son travail. Préserver sa santé psychologique ».
Pourtant, rappelle le secrétaire du comité social économique de l’entreprise, Thierry Mollica, « en 2017, Riccobono s’était engagé pendant sept ans à nous laisser une certaine charge de travail »: en clair, la presse hippique et quelques titres nationaux. Mais, à l’en croire, non content de ne pas avoir honoré certaines factures, « il nous a retiré l’impression de ces titres ! »
Et le manager Jérémy Jacques d’affirmer que « Riccobono vient d’être condamné pour ça » mais aussi « à verser plus d’un million d’euros pour les factures non honorées ». Mais, en attendant, difficile de ne tenir qu’avec L’Humanité, La Marseillaise ou le Ravi. D’autant que le contexte interne est tendu.
Si, au centre d’impression, le sigle CGT est omniprésent, le torchon brûle entre la centrale et les salariés de l’imprimerie. Silence à la Filpac (fédération CGT des ouvriers du livre), mutisme à l’Union locale de Vitrolles et le patron de l’Union départementale CGT Olivier Mateu de lâcher : « On n’a plus personne là-bas. Et pas de commentaires sur ce qui se passe. » Pourtant, en avril, une dizaine de salariés ont fini en garde à vue pour des actions dans un secteur en ébullition. Mais là, pas de communiqué de soutien de la Filpac…
Le climat est lourd. Se négocie avec l’État et les éditeurs un plan « filière » qui s’annonce drastique. Dans une interview, Guillaume Riccobono explique que son « objectif » est d’« accompagner les éditeurs dans leur décroissance ». Alors qu’un rapprochement entre les imprimeries de La Provence et Nice-Matin se dessine…
Alors, à MOP, placé en redressement judiciaire, en attendant que le tribunal de commerce de Salon ne se prononce sur la suite, on a investi « dans une machine pour imprimer des prospectus publicitaires ». Et, désormais, L’Age de faire va être imprimé à Vitrolles, comme l’est déjà CQFD. On est sauvé ?
Ni la CGT ni le groupe Riccobono n’ont répondu à nos demandes d’interview. Pas plus que Me Avazeri (qui est aussi mandataire judiciaire au Ravi).