L'art de la fuite

octobre 2019 | PAR Michel Gairaud

En seulement deux livres, La Zone du Dehors et La Horde du Contrevent, Alain Damasio s’est imposé comme un auteur culte. Il a fallu patienter 15 ans pour découvrir son nouveau roman, Les Furtifs. Difficile de résister à une avalanche de superlatifs face à cet imposant pavé qui réussit la prouesse de conjuguer poésie, inventivité littéraire, le rythme trépidant d’un thriller d’anticipation politique ainsi que des réflexions pointues sur nos sociétés de contrôle et les alternatives pour tenter d’y échapper.

L’action se situe en 2040 où l’ultralibéralisme, allié aux prouesses technologiques, a étendu son emprise. Les multinationales ont racheté les villes. Toutes et tous sont bagués et tracés. Mais apparaissent des furtifs, êtres tout à la fois animaux, végétaux et minéraux, insaisissables et mystérieux…

Last but not least, l’action se déroule aux quatre coins de Provence-Alpes-Côte d’Azur : à Orange (83), privatisée par l’entreprise du même nom ;  à Moustiers-Sainte-Marie (04), précieux et précaire maquis ; à Porquerolles (83) lors d’un hallucinant épisode de guérilla zadiste ; dans le delta du Rhône sur des îlots alternatifs de résistance. Sans parler d’un final explosif au pied de la Skyline marseillaise… Impossible d’en dire plus sans prendre le risque de gâcher votre plaisir.

Les furtifs, par Alain Damasio, éditions La Volte, 702 pages, 25 euros. Avec la BO du roman : un album de Yan Péchin à télécharger.