Le Ravi en péril

juillet 2022 | PAR le Ravi
Voilà l'été ! Enfin l'été ! Mais le journal régional pas pareil et son association, la Tchatche, avec le poids des difficultés cumulées, restent toujours en mode survie...

Lorsque le Ravi lance un nouveau SOS, début mars, trois paliers sont indiqués pour cette nouvelle levée de fonds : soit réunir rapidement 35 000 euros afin d’éviter un dépôt de bilan quatre semaines plus tard, soit lever 70 000 euros afin de tenir jusqu’à l’été, soit rassembler 100 000 euros pour cesser de survivre en ayant, enfin, les moyens d’engager une « Ravilution » depuis longtemps espérée : une refonte éditoriale, fidèle à nos fondamentaux mais inventive, articulée à un modèle économique plus pérenne.

Grâce à une mobilisation sans précédent, le compteur du « SOS Ravi » a finalement atteint 65 000 euros. Redisons le, une fois de plus : un grand merci à tous les donateurs. Nous voilà donc grâce à eux en juillet toujours vivant. Mais, toujours, en mode survie. L’assemblée générale de la Tchatche, l’association qui édite le journal pas pareil, qui s’est tenue le 5 juillet, a acté à l’unanimité les difficultés cumulées en 2021 qui pèsent sur l’avenir proche du Ravi.

Rappel d’une situation déjà amplement documentée : l’année 2021 a été largement déficitaire, avec un résultat négatif de – 36 500 euros, générant au passif des fonds associatifs négatifs à hauteur de – 62 349 euros, soit plus de 25 % de notre budget annuel. Conclusion logique du rapport financier validé par l’AG : « Nonobstant le poids prépondérant des ressources générées par les activités de l’équipe du journal, nous constatons que la fragilité financière de l’association s’est accrue et conduit à se réinterroger sur la viabilité de cette dernière. »

Le rapport moral de l’AG rappelle un paradoxe que le Ravi a déjà raconté : « 2021 souligne l’augmentation constante des abonnements, en formule numérique comme en formule “intégrale” (« papier + web”) », « le rapport d’activité 2021 atteste une fois de plus de la richesse et de la variété des interventions des journalistes et salariés de la Tchatche dans les établissements scolaires, sociaux ou carcéraux, et de la multiplicité des partenariats avec des associations ou fondations, qui permettent de produire de nombreux suppléments éditoriaux du journal », « …ainsi la Tchatche est parvenue à assurer son autofinancement à près de 80 %, ce qui est une performance notable dans le monde associatif ».

D’où vient alors le déficit que la Tchatche traîne depuis 2021 ? Dans leur rapport moral lui aussi validé le 5 juillet, les administrateurs bénévoles le rappellent : « Les pouvoirs publics ont pour rôle d’assurer, par un soutien aux médias les plus fragiles, le pluralisme de la presse. Or, en 2021, la contribution des collectivités territoriales a été nulle. Pour la première fois depuis la création de la Tchatche, ni la région, ni le département, ni la ville de Marseille n’ont accordé de financement à notre association (…) Ces 20 % (non autofinancés) restant manquent cruellement et mettent très sérieusement en péril la structure. »

La ville de Marseille affiche désormais un intérêt au Ravi et à ses actions. Elle a voté, le 29 juin dernier, un soutien aux actions d’éducation populaire de la Tchatche (10 000 euros) et achète, dans ce numéro, une campagne pour promouvoir « l’été marseillais ». Une aide tardive, insuffisante mais bien réelle même si nous ignorons son caractère pérenne en l’absence d’une ligne politique claire concernant « l’aide aux médias indépendants », l’une des promesses de campagne du Printemps marseillais. Du côté du Conseil départemental et de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, gérés par des ex-LR ralliés à la majorité Macron, c’est simple : leurs portes restent totalement fermées.

Avec des ventes qui plafonnent à 1500 abonnés (sans compter les ventes en kiosque), chiffre honorable pour un satirique régional désargenté mais qui est loin de permettre de s’autofinancer, sans pouvoir décemment relancer une nouvelle levée de fonds, les solutions pour poursuivre l’aventure éditoriale du Ravi sont limitées. Déjà en 2021, souligne le rapport moral de l’AG, « le travail à flux tendu, coûteux humainement pour les salariés, a limité les temps de réflexion pour faire avancer le projet d’un point de vue qualitatif ». C’est le cas à nouveau pour mener la « Ravilution » espérée, dont nous parlions dans le numéro 207, celui daté juin. Les « Ravi » s’accrochent, rament toujours sec, multiplient les scénarios, les remues méninges, colmatent les brèches, mènent des actions, mais leurs efforts pour ne pas baisser les bras pèsent de plus en plus lourds… Souriez, c’est l’été !