A l’école de la démocratie populaire

décembre 2019 | PAR Soizic Pineau
Mouvements citoyens, écolos et partis de gauche, sans oublier des gilets jaunes, tentent de se fédérer à Toulon. Pour l’instant avec succès.

Le tract indiquait : « construire ensemble l’avenir : un projet démocratique à Toulon. » Mais aussi, plus poétique : « pour hâter la venue du printemps. » Le slogan a fait mouche, et à 18 heures, ce 18 novembre, la maison de la Méditerranée ne désemplit pas. Plus de 150 personnes ont répondu à l’appel soutenu par la quasi-totalité des mouvements et partis de gauche ou écologiste de la ville (1).

Les chaises sont organisées en un large cercle, un buffet maison patiente dans le fond de la salle, et des fiches « gestuelle de réunion », indiquant les mouvements de main à suivre pour exprimer son opinion en silence, parsèment les tables. « Si vous voulez bien prendre place… » intime-t-on, à grands coups de larsen dans le micro.

« Nous sommes une expérience inédite ! Construisons ensemble, créons une plateforme citoyenne, réinventons la vie locale. » Julien Guimard, qui harangue la foule, est issu de la société civile mais c’est également un proche de Guy Rebec, élu d’opposition EELV. Si les partis politiques ont signé en nombre l’appel à l’unité, ceux qui prennent la parole sont plutôt sans étiquette ou viennent d’associations, comme Var en Transition ou les Robins des Bancs, regroupés sous le nom du Lobby Citoyen, qui déjà, cet été, plaidait « convergence » dans les colonnes de Var Matin.

Envie de renouveau

Les exemples cités sont Barcelone ou le village de Saillans dans la Drôme, on recommande même à l’assistance un mooc sur la démocratie populaire. « Nous voulons passer par du participatif, restaurer la confiance, faire par, pour et avec les habitants ! », continue Guimard. Certains applaudissent, d’autres remuent les mains – ceux là ont sûrement déjà visionné le mooc ou fréquenté les assemblées d’Alternatiba .

À l’ordre du jour : élaboration d’une charte, puis ateliers pour faire remonter les idées qui seront la base d’un futur programme. Les gilets jaunes sont venus nombreux, à l’image de Marylin qui anime le débat : « on a l’habitude des assemblées, on sait comment ça marche. » Chacun se munit d’un Post-It, c’est parti pour les ateliers. « Pensez à venir avec votre chaise ! » C’est le bazar, mais un bazar joyeux, on parle gratuité des transports, jardins partagés ou lutte contre l’insalubrité.

S’il ne s’agit pas du premier rassemblement, c’est le premier de cette ampleur, et après trois mandats d’Hubert Falco, l’inamovible maire LR, l’espoir et l’envie de renouveau sont palpables dans la salle. « Il faut qu’on pèse dans la balance. Mais certains ne pensent qu’à leur ego, et ça, c’est le drame », redoute Jean-Jacques Jiraudo, un vétéran du parti communiste. Car entre deux petits papiers adhésifs, la question que tout le monde se pose, c’est : qui sera sur la liste ?

Guy Rebec concède qu’il va falloir « rester extrêmement vigilant pour ne pas que ça explose en vol », à l’image des difficultés de fédérer collectifs, écolos et partis de gauche à  Marseille. « Les accords entre partis, on a l’habitude, mais avancer main dans la main avec la société civile, c’est nouveau pour nous », poursuit-il. Pour autant, Philippe Leroy, issu lui du milieu associatif, est confiant : « Pour le moment, on a toujours réussi à avancer. La difficulté, ça va surtout être de trouver une salle assez grande… »

1. Appel « construire ensemble l’avenir » soutenu par Europe écologie Les verts, France Insoumise, Gauche Républicaine et Socialiste, Génération-s, Nouvelle Donne, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Parti Socialiste…