Comme du bon pain

février 2020 | PAR Michel Gairaud

C’est un livre pétri comme du bon pain. A la manœuvre, des paysans, meuniers, boulangers, membres du « groupe Blé » de l’Ardear Auvergne-Rhône-Alpes, réseau proche de la Confédération paysanne. Entre deux fournées et deux récoltes, aidés par Mathieu Brier de la revue Z, ils nous livrent un guide aussi beau qu’utile posant les grands enjeux de la production, de la distribution et de la consommation du pain. Tout y passe : le poids des géants de l’industrie et des multinationales de l’agro-alimentaire ; les clefs pour se repérer dans la jungle trompeuse des appellations ; celles pour découvrir la diversité des semences et des farines menacée par l’uniformisation ; les problèmes de santé causés par la marchandisation de l’agriculture et de la boulangerie… L’essai est aussi – surtout – un hommage aux savoirs paysans, à travers notamment une galerie de témoignages, ainsi qu’un plaidoyer pour l’intelligence collective et les alternatives qui s’expérimentent. Car faire du pain peut, en rompant avec l’approche technicienne et financière qui domine, être bien autre chose que « se faire du blé » : une recherche du « lien juste« , d’autres façons de produire, de vendre et de consommer… Un petit grain dans la machine à renoncer et du levain pour faire grandir le désir de bien-vivre et bien manger.

Notre pain est politique, les blés paysans face à l’industrie boulangère, par le Groupe blé et Mathieu Brier, Editions de la Dernière Lettre, 208 pages, 13 euros

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