En place

Huit micocouliers, quatre platanes, une sanisette. La place Pierre-Roux, dans le 5ème arrondissement, est inconnue de la plupart des Marseillais : trop ordinaire pour attirer l’attention des historiens, des sociologues ou des journalistes. L’un d’entre eux, pourtant, signe un essai pour proposer un récit « subjectif » de ce bout de ville, tout près de là où il réside, en s’efforçant d’y mener une description « objective ».

Michel Samson, ancien correspondant du Monde, a signé, avec Michel Peraldi, Gouverner Marseille, livre devenu un classique. Il est aussi l’auteur, avec Jean-Louis Comolli, d’une précieuse série documentaire sur les coulisses électorales marseillaises. Place du peuple relève un défi qui n’est pas enseigné dans les écoles de journalisme : documenter au plus près la vérité quotidienne d’un lieu et de ceux qui y vivent sans prendre appui sur le prétexte d’une actualité.

L’exercice peut dérouter tant il s’éloigne du tumulte habituel. Et puis le charme opère. Small is beautiful. Les rencontres avec les habitués du Foyer du peuple, au cœur de la place, les portraits des discrets héros du quartier comme Robert Rossignol, modeste artisan luthier, nous touchent. Et on se prête, avec l’auteur, anxieux, à compter les fenêtres allumées la nuit pour résoudre le mystère insoluble : combien de gens habitent réellement ici ?

Place du peuple, de Michel Samson, photographies de Pierre Ciot, éditions Gaussen, 144 pages, 16 euros.