“Si on s’arrête, tout s’arrête”

mars 2020 | PAR Maud Guilbeault
Ce dimanche 8 mars 2020, les féministes se mettent en grève. À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, de multiples collectifs s’organisent un peu partout en Paca pour élever la voix contre le patriarcat.

En marche, féministes ! Ce 8 mars, pour la journée internationale de lutte pour le droit des femmes, militants et militantes féministes de la région se soulèvent et font grève. « Nous voulons bloquer tous les domaines dans lesquels les violences et les oppressions du patriarcat se reproduisent, nous appelons à la grève du travail productif, du travail du soin, du travail étudiant et de la consommation”, clament-elles dans les tracts et événements Facebook qui fleurissent depuis un mois pour faire passer le mot. Ce dimanche elles veulent démontrer que sans les femmes, dont le travail est souvent invisibilisé, rien ne fonctionne : “si on s’arrête, tout s’arrête” appuie Marie-Paule Grossetete, coordinatrice de l’association Osez le Féminisme dans les Bouches-du-Rhône.

Tâches domestiques, soin des enfants et des ascendants, temps partiels imposés, violences sexistes et sexuelles, violences obstétricales et gynécologiques… en marchant le 8 mars, les féministes dénoncent tout ce qui nous sépare encore d’une société égalitaire, à grands coups de chants, de slogans, de musique et de désobéissance civile. “On veut se ré-approprier l’espace public duquel on essaye de nous effacer sans cesse, faire entendre nos voix, nos revendications… on cherche à lutter contre le système capitaliste, patriarcal, hétérocentré et ses rapports de domination. Et pour ça, il faut aller dans la rue” déclame avec passion Soizic, membre du collectif Collages Féministes Marseille qui défilera dimanche aux côtés d’une douzaine d’autres, au départ du Vieux Port à 14h00. Elles demandent aussi l’abandon du projet de réforme des retraites, qu’elles dénoncent ardemment : “Notre pension de retraite est en moyenne inférieure de 40% à celle des hommes, et le projet de loi du gouvernement Macron va aggraver cette situation” soutient Marie-Paule Grossetete.

Manifestation festive et éducative

À Marseille, une occupation du Vieux Port est également prévue à 16h30, après la marche, initiée par les collectifs Collages Féministes Marseille, Cœur de Cagoles, Marseille Féministes, Strass – le Syndicat du Travail Sexuel et une demi-douzaine d’autres. Une occupation à vocation festive, mais aussi informative. “Il y aura des animations, mais également des stands d’information. On souhaite que les passants puissent venir se renseigner sur la cause féministe, son intérêt, ses implications, ce qu’elle défend… l’idée c’est d’échanger, d’éduquer pour faire évoluer les mentalités” explique Léa, militante au sein de l’association Marseille féministes. Au même moment, l’association Résistance à l’Agression Publicitaire prévoit une action de désobéissance civile en bas de la Canebière, destinée à dénoncer l’omniprésence de la publicité sexiste dans l’espace public. Autre initiative marseillaise : le Fidep, le festival international du dessin de presse, de la satire et de la caricature, à l’Estaque, organise le 8 mars à 10h00 une exposition de dessins sur les femmes (avec, mais pas que, des dessinatrices) suivi d’un débat

Mais Marseille n’est pas le seul endroit de Paca où les féministes comptent marquer d’une pierre blanche cette journée de lutte. Les militantes se mettent en marche aussi à Nice, à partir de 15h00 dimanche, au départ de la Gare Nice Ville ainsi qu’à Avignon, à partir de 11h00 Place de l’Horloge. A Avignon, toujours dimanche, aura lieu l’après midi (de 13h30 à 17h00 au centre de loisirs de la Barthelasse) un forum des femmes. Samedi 7 mars, ce sont les féministes de Port-de-Bouc et de Saint-Mitre les Remparts à 9h00, ainsi que de Martigues à 10h00, qui porteront leurs banderoles jusqu’à l’hôtel d’agglomération, où elles se retrouveront à 11h00. Et là où il n’y a pas de marche, on lutte pour les droits des femmes en les célébrant via la culture ou le débat. Le Café des 3C à Aix-en-Provence propose ce samedi 7 mars un atelier de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles, tandis qu’à Digne-les-Bains on projette dimanche le film “Potiche”, avant de s’installer autour d’une table ronde pour entendre les témoignages de femmes engagées. Liste non exhaustive.

C’est donc une fin de semaine militante qui s’annonce dans la région et dans le monde entier. Un week-end de marche pour faire avancer, de quelques pas au moins, la lutte pour l’égalité.