Une fraternité de bénévoles

janvier 2022 | PAR Jean-François Poupelin, Le groupe Petits frères de Marseille
Les bénévoles ont depuis toujours une place centrale dans l’association des Petits Frères des Pauvres. Visites à domicile, coups de main, organisations d’activités collectives, accompagnement lors de sorties ou de séjours, ils sont en effet partout.

C’est ce qu’on appelle un contre-pied ! Alors que le groupe marseillais s’orientait vers un article sur la place des bénévoles dans la vie des résidents de la pension Labadié, dans le centre de Marseille, au dernier moment ces derniers ont décidé de plutôt s’intéresser aux motivations des premiers. Aux raisons de leur engagement dans l’association des Petits frères des pauvres.

Il faut dire que les bénévoles sont partout chez les Petits frères. Et essentiels. A l’image de Wilma Cano, la doyenne. A bientôt 87 ans, elle affiche plus d’un quart de siècle d’engagement au local de la rue des Dominicaines, dans le quartier de Belsunce, entre la gare Saint-Charles et la Canebière. « Je fais le repas une fois par mois, j’organise des lotos, des jeunes de cartes, je fais des commissions, j’accompagne aussi les personnes au Manier », liste la retraitée, aujourd’hui responsable des clés et des locaux.

Arrivé depuis un an et demi, Alain Cointin, 71 ans, est lui bénévole à la pension de famille Labadié. Il y prépare le café les lundi et vendredi, porte le cinéclub hebdomadaire, organise des randonnées, accompagne des séjours. « Depuis très longtemps, j’avais envie de faire du bénévolat au sein de cette association. J’avais lu un article dans Le Monde sur le recrutement de jeunes pour aller voir des personnes âges ou malades. Je trouvais ça intéressant, d’autant que l’association n’était pas cataloguée politiquement, se souvient cet ancien diffuseur de presse installé à Marignane. Mais la vie professionnelle d’un petit commerçant occupant beaucoup de temps dans une journée de 24 heures, cette idée est restée quelque part au fond de mon cerveau et elle a pu voir le jour après ma retraite. » Et de poursuivre : « Ce qui me motive le plus, c’est de voir que ce que je fais est utile. Je ne suis pas dans les grandes théories, juste améliorer le quotidien de mes semblables et vivre concrètement le vieil adage “je donne, je reçois, je reçois, je donne”. »

« Être utile »

Alice Perrain n’a, elle, pas attendu longtemps avant de s’engager. Installée depuis peu à Marseille, la jeune femme de 27 ans accompagne depuis deux mois une vieille dame à domicile. « Souvent on discute, sinon on va faire ses courses. C’est des petites choses du quotidien. Il y a un peu d’administratif, mais c’est surtout des moments d’échange, elle me raconte sa vie, ses histoires, c’est très simple », explique cette ancienne volontaire à Médecin du monde. Et de sourire : « La dernière fois on a mangé ensemble. Elle m’a appris à faire du poulet aux épices et c’était trop bon ! »

Cet engagement, c’est pas nouveau pour elle, plutôt la poursuite d’autres expériences de bénévolat comme de volontariat : « Suite à mes expériences à l’étranger (Inde, Palestine), j’ai aussi été aide à domicile. Ça m’a toujours tenu à cœur de travailler avec des personnes âgées, je trouve que c’est une source d’enrichissement, de connaissance incroyable. En tant qu’aide à domicile, j’ai vu beaucoup de personnes âgées seules, isolées, qui étaient un peu déprimées. Je trouve ça dommage. Donc ça me tenait à coeur de m’engager avec les Petits Frères et de passer du temps avec une personne. »

« Projet de société »

Après d’autres expériences de bénévolat, Yves Poirier a lui été séduit par le « projet de société » des Petits frères comme il l’explique. Bénévole à la Pension de famille Labadié, il organise des activités collectives, comme un atelier d’écriture, donne un coup de main pour transporter des courses, accompagne des résidents à des rendez-vous, etc. « Il y a des choses que je propose qui font pschitt et d’autres qui marchent. Par exemple, j’ai fait des permanences sur l’utilisation du téléphone », relève ce néo-marseillais, qui représente aussi les bénévoles de la pension aux niveaux régional et national.

Précisions de ce directeur d’hôpital à la retraite : « Ce qui m’intéresse et me motive dans le bénévolat chez les Petits frères, c’est d’abord d’être en adéquation avec les valeurs des petits frères. Dans la devise française, la fraternité est souvent oubliée. En France, on défend beaucoup la liberté, beaucoup l’égalité, ce qui est important. Ce que je défends aussi, c’est la fraternité, de pouvoir rencontrer des personnes que je n’aurais pas rencontré sinon. »

Et d’insister : « L’accompagnement est un mot très important chez les petits frères car c’est être à côté, en fraternité, pour faire quelque chose ensemble. Répondre à des besoins qu’ils ont, l’accès au droit, à la santé, etc. Mais aussi proposer des sorties, proposer des repas… Être ensemble. C’est une manière de vivre ensemble, c’est une petite société peut-être un peu idéale, telle qu’on voudrait que la société soit. Donc une société dans laquelle j’aimerais vivre, ce qui est loin d’être le cas ! »