Sous-sols insurgés

février 2020 | PAR Sébastien Boistel

À l’origine, Yarostan, c’est l’un des deux personnages du roman – en cours de traduction – de Fredy Perlman, « Lettres d’insurgés », dont on suit les échanges rugueux et à distance avec Sophia depuis qu’il est sorti de prison dans une société qui n’aurait rien à envier aux cauchemars d’Orwell. C’est aussi le nom d’un groupe de La-Fare-les-Oliviers qui, d’une certaine manière, traduit musicalement (guitares, basse, batterie) toute la colère du personnage principal du roman épistolaire susmentionné. Leur premier album, « Les ruines de notre temps », était une boule d’énergie portée par le cri du héros de la série « Mr Robot » qui ouvrait le disque : « Fuck society… » Le deuxième disque de ce quatuor – où l’on trouve Giz, de Bus Stop Press (lire p 18) – est de la même veine mais avec plus de maîtrise et de nuance. Tant du côté de la voix que du rythme, l’album se payant le luxe de donner la parole à celle qui ferraille par lettre interposée avec son ancien camarade Yarostan, Sophia Nachalo. Mais, au-delà des étiquettes (screamo, post-hardcore), c’est en « live » – à plonger tête la première dans les vagues de son qu’il prodigue – qu’il faut découvrir un des groupes les plus impressionnants de la scène foisonnante qui se cache dans les sous-sols de Marseille. Et dont la philosophie pourrait se résumer à cette phrase qui clôt en un souffle l’ultime morceau de ce dernier album : « Que notre désespoir fasse écho. »

Yarostan, 2ème album éponyme, en écoute et en vente (CD, vinyle, K7) sur leur bandcamp

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