le Ravi de plâtre : Dominique Bluzet

mars 2020 | PAR Frédéric Legrand

Seul en scène ! Pour l’attribution de la délégation de service public du Grand théâtre de Provence, à Aix-en-Provence, Dominique Bluzet, délégataire sortant, vient de remporter le morceau en étant le seul à concourir ! « Ce n’est pas un hasard si nous n’avons pas eu d’autre candidat« , assure Maryse Joissains, maire sortante LR, condamnée en appel pour « détournements de fonds publics« . La faute à un cahier des charges économique plus tendu ? Dans le nouveau contrat passé avec la ville, « l’entreprise à associé unique » de l’ancien acteur Bluzet voit ses subventions baisser de 15 %, tout en couvrant quand même plus de la moitié des 8,8 millions d’euros de budget annuel. Et le délégataire doit déposer une caution de 400 000 euros, pour couvrir d’éventuelles pertes. Pas de quoi faire peur à Bluzet ! Ancien vice-président de la CCI, Bluzet sait marier comme personne subventions publiques et mécénat privé. « A Aix on ne fait pas de déficit dans la culture alors que partout ailleurs on en fait« , plastronne Maryse. Déjà gestionnaire des théâtres du Jeu de Paume à Aix, du Gymnase et des Bernardines à Marseille, Bluzet va garder son vaste terrain de jeu pour donner la pleine mesure de son talent. Arrivé en Provence sous le divers gauche Vigouroux, le patron a su parfaitement travailler avec la droite : sur trois bâtiments annexes que lui loue la ville de Marseille en bail emphytéotique, Bluzet a réussi à se faire subventionner à 80% les 4 millions d’euros de travaux prévus ! La maestria, au point de devenir un symbole de gentrification et d’entendre des « Mort à Bluzet ! » lors des manifs de Gilets jaunes sur la Canebière (1). Il faut dire que, contrairement à beaucoup d’autres cultureux, Bluzet n’avait pas pris position après le drame de la rue d’Aubagne, pourtant située à une minute à pied de ses théâtres marseillais. L’art dans la cité, mais pas trop loin quand même !

1. marcelle.media, 26 avril 2019