"Dans la vie politique on n’hérite de rien"

février 2020 | PAR Maud Guilbeault, Michel Gairaud
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Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Alors que Martine Vassal lance un appel au "vote utile", grande tchatche avec sa "porte parole nationale", la députée LR Valérie Boyer.

Quel regard portez-vous sur la façon dont est géré le dossier des retraites à l’Assemblée nationale ?

L’une de mes premières expériences professionnelles, ça a été à la caisse nationale d’assurance vieillesse. Donc je connais bien le dossier des retraites, pour l’avoir porté au début de ma vie professionnelle. Et je suis atterrée de la façon dont le gouvernement s’occupe de ce dossier majeur. Les retraites c’est tout de même 14 % de notre PIB. Cette réforme est à la fois coûteuse et injuste, notamment sur le plan de l’universalité qui n’en est pas – Emmanuel Macron a sanctuarisé des régimes spéciaux déficitaires – mais aussi parce qu’il consacre de grosses inégalités sociales, notamment vis-à-vis des femmes. Jusque-là, celles qui avaient des enfants durant leur carrière profitaient d’un double accompagnement de la société : la prise en charge de la grossesse par l’Assurance maladie, mais aussi des trimestres – donc du temps. Supprimer ce contrat social, c’est casser la solidarité. Ça fait partie des choses qui me révoltent énormément dans cette réforme des retraites, qui n’a plus de réforme que le nom quand on constate le nombre d’exceptions au régime universel. Malgré sa promesse, Emmanuel Macron ne fait pas un régime unique. Il s’en prend aux régimes autonomes, comme par exemple celui des avocats, qui sont assez vertueux pour être excédentaires, et participent à la solidarité nationale – et aujourd’hui il veut piquer la caisse. En revanche les régimes spéciaux, qui sont déficitaires, pour lesquels le régime général vient en complément, ceux-là il les sanctuarise. Où est l’universalité là-dedans ? Qu’il faille ajuster le système des retraites c’est une évidence. Mais ne pas répondre aux besoins des femmes, des personnes qui ont été vertueuses dans les régimes autonomes, sanctuariser les différences là où il y a des « mauvais élèves », je trouve que c’est de l’injustice sociale.

Vous êtes la « porte-parole nationale » de Martine Vassal, qu’est-ce que ça signifie ?

Martine Vassal a construit, avec 400 experts, un projet qui tient en quatre verbes : respirer, travailler, protéger, partager. Pour ces quatre actions elle a choisi des experts : Joseph Arakel pour partager, le général David Galtier pour protéger, Stéphane Soto pour travailler, et le professeur Nahon et Frédéric Collard pour l’environnement. Sur le plan national, j’ai plaidé pour que ma famille politique donne l’investiture à Martine Vassal pour ces municipales. Et elle m’a demandé de la représenter parce que nous sommes proches, que nous avons toutes les deux envie d’emporter cette ville pour la faire entrer dans le XXIème siècle, et pour mettre en œuvre des projets qui vont dans le sens de l’intérêt général.

Que répondez-vous à ceux qui considèrent Martine Vassal comme l’héritière du maire sortant ?

Dans la vie politique on n’hérite de rien, Martine Vassal et moi-même sommes bien placées pour le savoir. Chaque renouvellement législatif a été pour moi une épreuve différente. Quant à Martine Vassal, je crois que peu de gens auraient parié sur sa candidature quand elle s’est présentée pour briguer la présidence du département. Mais elle l’a emporté.

Mais déjà elle avait été choisie par Jean-Claude Gaudin, qui l’avait incitée à mener l’opposition.

Pas du tout. Elle était présidente du groupe d’opposition au conseil départemental, et elle a été choisie par les électeurs puis par les conseillers départementaux. C’est elle qui a gagné, personne d’autre.

Jean-Claude Gaudin le dit très clairement, le répète, sa candidate, son choix pour lui succéder, c’est Martine Vassal.

J’apprécie fortement que Jean-Claude Gaudin nous soutienne. Notamment dans le cadre de la formation politique à laquelle nous appartenons et qu’il a participé à fonder puisqu’il était l’un des trois fondateurs de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), et j’aime la loyauté et la fidélité dans la vie publique. Mais ce n’est pas parce que Jean-Claude Gaudin nous soutient que Martine Vassal est son héritière. Je voudrais que l’on soit clair : Martine Vassal, quand elle gagnera la mairie de Marseille – ce que j’espère et que je souhaite – effectuera son premier mandat en tant que maire de Marseille. Je ne vois pas en quoi il y a un héritage.

Dans les secteurs les plus gagnables, les plus traditionnellement dits « de droite » à Marseille, Marsactu a calculé qu’on trouve 70 % des candidats qui sont déjà dans la majorité actuelle.

Nos listes sont renouvelées à 70 %. C’est donc normal que l’on retrouve des personnes qui sont ancrées sur le territoire, qui ont remporté des combats etc. Pourquoi se séparer de personnes qui ont fait le job, qui travaillent, qui sont enracinés sur leur territoire ? Je ne suis pas pour le dégagisme, le bougisme. Quand on voit comment ça se passe avec la République en Marche, ça ne donne pas envie. C’est important d’avoir des personnes expérimentées. Qu’est-ce que ça veut dire de dégager tout le monde ? Que le parcours personnel n’a pas d’importance ? Que l’expérience n’a pas d’importance ? Que ce qui a été fait ne compte pas ? Les Marseillais méritent du respect, un parcours, un programme et des compétences. Et les compétences ça s’acquiert en travaillant. Martine Vassal a été cheffe d’entreprise, adjointe au maire, présidente du département, présidente de la métropole, elle a fait un parcours sans faute à la tête du département et a été élue très largement à la métropole parce qu’elle a travaillé dans le sens de l’intérêt général. Pendant vingt ans, sous les présidences Bernardini et Guerini, il a été attribué 100 millions d’euros à la ville de Marseille au titre de l’aide aux communes. Martine Vassal, en cinq ans, a permis l’octroie de 200 millions d’euros. Ce n’est pas du clientélisme, elle n’est pas sectaire ni intéressée par l’étiquette politique mais par le projet. Grâce à ça Marseille a enfin vu naître la piste cyclable sur la corniche, le boulevard urbain sud est en train de se terminer, le cours Lieutaud est en train de se terminer, tout comme Sakakini et le Jarret. Voilà de grands projets, qui étaient en sommeil et qui sont en train de voir le jour.

Guy Tessier ou encore Renaud Muselier se sont exprimés ces dernières années sur les mandats de Jean-Claude Gaudin, lui reprochant une gestion catastrophique. Comment est-ce que vous composez avec cette équipe sortante ?

Renaud Muselier et Guy Tessier soutiennent de toutes leurs forces Martine Vassal. Mais je pense que pendant les mandatures de Jean-Claude Gaudin, Marseille a changé, Marseille a bougé, elle n’est pas devenue qu’une carte postale. On n’a peut-être pas tout réussi, mais néanmoins les Marseillais sont beaucoup plus contents des changements opérés à Marseille par Jean-Claude Gaudin, que les parisiens ne le sont d’Anne Hidalgo. On ne peut pas nier l’amour et l’engagement qu’a eu Jean-Claude Gaudin pour sa ville.

Donc continuité ou rupture avec ces 25 dernières années ?

Pourquoi serait-il nécessaire de céder à cette mode, que je trouve totalitaire, du bougisme, du dégagisme ? C’est une équipe qui est derrière Martine Vassal, avec de nouvelles personnes et des personnes expérimentées, qui est ouverte à des personnalités qui sont fortes et nouvelles, comme à chaque élection municipale, à chaque scrutin de liste. Je ne vois pas pourquoi, par exemple, dans le 11ème et 12ème arrondissement, Julien Ravier qui a été élu maire en 2017, devrait partir au motif qu’il a fait partie de l’équipe ancienne. Pourquoi ne pas travailler avec Frédéric Collard, qui est un grand professeur de médecine ? Je ne vous parle que de ceux-là, mais il y en a bien d’autres.

Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes a pointé du doigt une gestion du personnel dispendieuse à Marseille. Martine Vassal peut-elle apporter du changement à ce niveau-là ?

Martine Vassal a fait ses preuves au département, dans sa délégation, à la métropole. Pourquoi la renvoyer à un bilan qui n’est pas le sien, alors qu’elle en a un à la tête du département, où elle a aidé Marseille ? Moi, en tant qu’ancien maire des 11ème et 12ème arrondissements, aujourd’hui en binôme avec Julien Ravier, je peux vous dire que nos quartiers ont changé grâce à l’action de Martine Vassal. Nous avons pu engazonner tous nos stades, équiper énormément d’associations, de complexes sportifs, avancer sur des travaux de voirie, et on a d’autres projets sur la réfection de l’avenue Montaigne à Saint-Barnabé. Quand Martine Vassal est arrivée à la tête du département, on a fait deux choses ensemble. Je lui ai d’abord demandé qu’elle mette à disposition davantage d’appartements pour les femmes victimes de violences conjugales : j’ai été immédiatement en contact avec ses services. On a aussi travaillé avec elle, et d’autres, pour la santé. Martine Vassal sait mettre énormément d’argent pour l’hôpital de la Timone pour pallier les carences de l’État. Voilà deux exemples de comment ça bouge, et combien ça bouge avec Martine Vassal.

De nombreux commentateurs remarquent le poids singulier qu’a le syndicat Force Ouvrière des territoriaux à Marseille, parlent même d’une co-gouvernance dont Gaudin aurait hérité de Defferre. Il y a quelque chose de différent à faire à ce niveau-là ?

Vous me parlez de mandats passés. Aujourd’hui, je voudrais qu’on s’inscrive dans l’avenir, dans le projet, qu’on travaille par exemple à l’augmentation de la police municipale pour mieux protéger les Marseillais. Dans le projet de Martine Vassal, sans augmentation d’impôt, on souhaite embaucher entre 150 et 200 policiers municipaux par an. Et, surtout, nous voulons faire en sorte que cette police municipale puisse se trouver disponible dans les territoires, puisqu’on veut créer un poste de police municipale dans chaque secteur de Marseille.

Dans le document de campagne de Martine Vassal, à l’article « protéger », vous parlez d’assurer le retour de l’ordre. Est-ce que ça veut dire qu’il n’y avait pas d’ordre, qu’il y avait un dysfonctionnement ?

Ce n’est pas un problème qui n’est que Marseillais, malheureusement. Les chiffres nationaux de la délinquance n’ont pas cessé d’exploser, y compris les violences aux personnes. Aujourd’hui en France on compte 120 attaques au couteau par jour. Cette situation elle est nationale. Marseille est une ville immense, et chaque secteur, chaque quartier a ses spécificités. Dans notre secteur à Julien Ravier et à moi, les 11ème et 12ème arrondissements, nous souhaitons travailler avec la police municipale pour la tranquillité publique, dans deux domaines. D’abord sur la problématique des personnes, des jeunes qui, l’été, se retrouvent sur une place, fument, boivent des bières ou du soda, et qui jettent leur pizza ou leur fast-food, qui crient, qui jouent au ballon la nuit, qui marchent sur les toits des voitures, et donc qui créent des troubles du voisinage. Tout le monde vit un enfer, les gens ne peuvent pas dormir, ils ont peur. On voudrait que la police municipale puisse intervenir en première instance. La deuxième problématique, c’est la délinquance de la propreté. Dans mon secteur, mais c’est partout pareil, on a quarante tonnes de jets clandestins hebdomadairement. Aujourd’hui on veut passer à la répression pour ces délinquants de la propreté – et là on a besoin de la police municipale pour assurer la tranquillité publique et la salubrité.

Suite au drame de la rue d’Aubagne, qui a fait 8 morts, la problématique du logement indigne est revenue au cour du débat public. Va-t-elle être une des priorités de cette campagne pour Martine Vassal ?

C’est un drame qui nous a marqué, et qui nous marquera pendant longtemps. Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises sur cette question. Martine Vassal, bien évidemment, s’est exprimée, mais en tant que présidente du département. Elle a agi immédiatement, et a mis en place toute une série de mesures. Dans le verbe « partager » de son programme, beaucoup de choses concernent les logements, et j’aimerais élargir le sujet à l’urbanisation. Un bon nombre de Marseillais vit dans les « quartiers périphériques », loin de l’hyper-centre pour lequel François Hollande nous avait refusé d’obtenir un plan de rénovation des quartiers anciens dégradés. Aujourd’hui, on nous reproche à tort d’avoir trop construit et mal construit. Je vais vous citer encore l’exemple de mon secteur, mais c’est la même chose dans le 9ème, ou dans le 10ème. Entre 2012 et 2017, la ministre écolo Cécile Duflot s’est piquée d’urbanisme, et a décrété du jour au lendemain qu’il fallait construire, que c’était socialement bien. Pour ça, elle a supprimé les coefficients d’occupation des sols. Ça signifie que sur une parcelle où on avait un coefficient de 0,2 on ne pouvait construire que 200m2. Ce coefficient sautant, il n’existait plus que deux choses pour limiter les constructions : les limites vis-à-vis du voisinage, et les hauteurs. Jusque-là on arrivait à avoir un développement harmonieux, qui arrivait à s’étendre dans les quartiers périphériques et répondait aux besoins des Marseillais – soit de très petits collectifs, soit des zones pavillonnaires, y compris dans le logement social. Les promoteurs sont alors allés vers les propriétaires, pour racheter leurs terrains plus chers qu’auparavant, puisque le prix du terrain ne vaut que par les mètres carré qu’on peut y construire. Peu ont résisté à cet appât du gain. En tant qu’élus, nous nous sommes retrouvés face à des propriétaires qui voulaient faire valoir leur droit à construire. Très vite, nous avons vu fleurir dans nos quartiers pleins de petits collectifs à côté de zones pavillonnaires, dans des secteurs où il n’y avait pas la voirie nécessaire, ni les services publics pour les accueillir. Nous nous sommes retrouvés dans une situation inverse de ce que préconisait la verte Cécile Duflot. Aujourd’hui, grâce au travail entrepris dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI), nous avons limité ces droits à construire dans les zones où il n’était pas possible d’accueillir tous ces logements.

28 organisations de la société civile (Emmaüs, Petits frères des pauvres, etc) invitent les candidats à prendre des engagements pour faire du logement décent un enjeu central des municipales. Elles jugent Marseille très inégalitaire en termes de répartition des logements sociaux. Martine Vassal et vous-même êtes-vous favorables à ce qu’on construise du logement social partout pour faire face à la demande ?

Près de 70 % des Marseillais sont éligibles au logement social, parce que Marseille est une ville pauvre. Je voudrais quand même rappeler qu’il y a du logement social partout, et que la fracture Nord/Sud c’est tout de même une certaine vue de l’esprit, puisque chaque secteur a des difficultés avec des poches de pauvreté. Vous ne connaissez pas la vallée de l’Huveaune, les Hauts de Mazargues, le quartier Saint-Marcel auquel je faisais référence tout à l’heure ? Le logement social existe déjà partout. C’est vrai que la demande est immense à Marseille, mais je ne pense pas qu’il faille construire n’importe quoi comme on a pu le subir pendant longtemps. Et, surtout, il faut faire en sorte d’aider les Marseillais qui le souhaitent à accéder à la propriété, y compris ceux qui sont dans les conditions sociales les moins favorisées. Il faut du logement social, mais je récuse le fait qu’on dise qu’il n’y en a pas dans tous les quartiers, c’est entièrement faux. Ceux qui disent ça ne connaissent pas la réalité marseillaise. Il faut aussi entretenir notre parc, peut-être le rénover et le développer, mais surtout trouver des formes pour tout le monde.

Quel regard portez-vous sur ces élus ou membres du comité de soutien de Martine Vassal qui louaient des logements indignes – les derniers en date étant Jacques Ansquer et les époux Fructus –, erreur de casting ?

On ne pouvait pas deviner. J’ai connu Jacques Ansquer en tant que président de la banque alimentaire, j’ignorais ses activités, je les ai découvertes par la presse comme vous. Vous me posez des questions sur des personnes dont on ignorait les activités et qui ne font pas partie des listes de Martine Vassal.

Pensez-vous que les candidats devraient indiquer leurs opérations immobilières comme préconisé par Emmaüs ?

Les candidats de Martine Vassal ont tous laissé pour le dépôt leur extrait de casier judiciaire, et nous nous engageons à signer la charte d’éthique nationale à ce sujet, comme nous l’avons toujours fait. Quand des personnes dérapent, elles sont rattrapées par la justice et c’est une bonne chose, mais on ne peut pas le deviner avant, on ne peut pas faire de procès d’intention. En tant qu’élus, nous faisons des déclarations à la Haute autorité de la transparence et de la vie publique qui sont disponibles sur le site de ladite Haute Autorité. Ces vérifications-là existent déjà.

Pour vous sur les listes de Martine Vassal il n’y a pas de problème de ce type-là ?

En tout cas je les ignore. Et toutes les personnes citées ne sont pas sur les listes de Martine Vassal.

Autre dossier primordial : celui des écoles. Suite au cafouillage autour d’un partenariat « public-privé » pour la rénovation de 34 écoles, contesté devant la justice… Là aussi, est-ce prioritaire ?

Quand on est maire, on a ce qu’on appelle des conférences de programmation chaque année, et on dispose d’un petit budget, qui est le même quel que soit l’endroit où l’on se trouve, puisque c’est un budget de quelques euros par habitant. Sur ce budget, on fait part de nos priorités. Aujourd’hui, toutes les écoles ont un élu référent, qui se rend au conseil d’école. Lors de ces réunions, qui ont lieu plusieurs fois par an, le conseil fait part à l’élu des difficultés que rencontre l’école. À l’issue de ces réunions, on décide avec le maire, et les services de la mairie centrale, des travaux qui sont nécessaires. Au fur et à mesure qu’il y a des difficultés, nous les gérons, que ce soit pour des petits travaux ou des travaux plus importants.

Mais c’est la mairie centrale qui définit le portefeuille dans lequel les mairies de secteur peuvent puiser ou pas.

Oui et non. Le budget est fait par chaque mairie de secteur en fonction du nombre d’habitants, et à partir de ça on décide des priorités. Nous suivons les écoles une par une dans les mairies de secteurs, on ne découvre pas les problèmes du jour au lendemain. Quand on se préoccupe de ses écoles au quotidien, on a moins de difficultés. Effectivement à Marseille on a de très nombreuses écoles, plus de 450 de mémoire. C’est un énorme patrimoine, qui est entretenu. Certaines écoles doivent être rénovées, d’autres construites.

Le forfait communal de Marseille pour les écoles privées catholiques a été augmenté de 230 % depuis l’élection en 1995 de Jean-Claude Gaudin. Dans une ville où les écoles publiques sont souvent en souffrance, est-ce normal d’investir autant d’argent dans les écoles privées ?

Est-ce que c’est normal d’appliquer la loi, c’est ça la question que vous me posez ? Vous êtes mal renseignés. La loi dit que les parents ont le choix de l’école, dans l’enseignement privé – qu’il soit catholique ou pas – ou dans l’école publique. C’est une chance. Mais les écoles privées sous contrat sont limitées, beaucoup plus que les écoles publiques, en termes d’ouvertures de classes, etc. Ensuite, sur le plan du forfait, c’est la loi. En revanche, les parents qui mettent leurs enfants dans des écoles privées sont pénalisés, parce qu’eux ne bénéficient pas de l’aide pour la cantine. Or, tous les petits Marseillais sont pris en charge pour l’aide à la cantine puisque les parents qui payent le tarif le plus élevé ne payent pas le tarif total des repas.

Donc les écoles publiques n’ont pas à être prioritaires sur les écoles privées ?

Les écoles privées ne sont pas prioritaires sur les écoles publiques. Et il n’y a pas à prioriser l’aide sur les écoles publiques. Payer un forfait à l’enseignement privé c’est la loi.

Mais les maires décident de le majorer ou pas.

Les enfants ont le droit de vivre, y compris dans les écoles privées. Je ne vois pas pourquoi ils seraient pénalisés, ils le sont déjà assez par la cantine qui n’est absolument pas prise en charge, alors qu’elle l’est pour les enfants des écoles publiques. En plus, les parents qui mettent leurs enfants dans des écoles privées payent aussi la cantine du public, et pour les enfants qui sont scolarisés dans le privé et ne payent pas la cantine. Donc je ne vois pas pourquoi on pénaliserait ces enfants-là. L’enseignement privé répond à des obligations de service public, s’est installé dans tous les quartiers de Marseille et accueille tous les enfants.

Martine Vassal vient de lancer un appel au vote utile – il y a une division à droite, c’est la candidature de Bruno Gilles – pourquoi cet appel ? Pensez-vous parvenir à surmonter la difficulté de la division à temps ?

Je le pense et je l’espère. La candidature portée par Martine Vassal est à la fois une candidature de rassemblement et d’expérience. Aujourd’hui, elle arrive en tête dans tous les sondages. Alors soit c’est la liste de Martine Vassal qui l’emporte – ce ne sont pas les dissidents Bruno Gilles ou Samia Ghali qui l’emporteront, c’est une réalité –, soit ce sont les extrêmes, que ce soit du côté du Rassemblement National ou du Printemps Marseillais, qui répond à ce joli nom mais ressemble plus à l’hiver stalinien. Donc effectivement, sauf pour ceux qui souhaitent que la ville soit aux mains des extrêmes, et je ne souhaite pas ça pour Marseille, je pense que le vote utile, le vote raisonnable, le vote d’avenir, qui permet à tous les Marseillais d’être rassemblés et réconciliés, c’est le vote pour Martine Vassal.

Yvon Berland, candidat LREM, tenait à peu près le même discours à ce micro sur la nécessité de faire barrage aux extrêmes. Il serait envisageable, au second tour, de rassembler autour de Martine Vassal des « marcheurs », si nécessaire, ou d’autres ?

On verra, mais si on se base sur les sondages les listes d’En Marche représentées par Yvon Berland sont créditées de moins de 10 %. Et je pense qu’on ne s’improvise pas maire, même après une brillante carrière. Il faut de l’expérience, de la compétence dans la gestion et pour porter des projets, et je ne pense pas que les listes d’En Marche soient construites en ce sens. La candidature solide qui s’adresse à tous les Marseillais, qui se base sur un projet qui est construit et co-construit avec les Marseillais, c’est celle de Martine Vassal.

Propos recueillis par Michel Gairaud et mis en forme par Maud Guilbeault