« Gaudin, c’est pas Frankenstein, c’est sa créature »

Prix Albert Londres

♦ le Ravi n°168, décembre 2018. Huit morts sous les décombres d’immeubles qu’on a laissés pourrir sur place. « On » ? Les responsabilités sont multiples, la justice n’a pas tranché. Mais le bilan d’une municipalité incarnée par un homme – Jean-Claude Gaudin – est en cause. Un dessin qui en dit long.

« Je me souviens parfaitement de ce dessin. De toute manière, il n’y a que trois genres journalistiques qui ont de la puissance : le reportage, l’enquête et la satire. Le dessin, c’est comme la poésie qui dit en peu de mots beaucoup de choses. Il y a une vraie économie de moyens. Là, on a un Gaudin dans un état de pourrissement avancé, avec des dents en forme d’immeubles qui tombent. C’est bien trouvé. Car Gaudin, qu’on le veuille ou non, c’est la ville. Il est Marseille. Mais, au moment du drame de la rue d’Aubagne, il est en train de la laisser tomber. Il laisse détruire tout ce qu’il a construit pour pouvoir rester, comme le font tous les monarques. Mais, quand je parle de monstre dans mes livres, je ne parle pas de Gaudin. Le monstre, ce sont les arrangements, les compromissions… Gaudin, ce n’est pas Frankenstein, c’est sa créature. On le décrit comme puissant. C’est tout le contraire. C’est un homme brillant, dont les connaissances sont impressionnantes, mais c’est pour mieux masquer son impuissance. C’est comme la pique qu’il lance à Christian Pellicani, élu PC, en le croisant rue d’Aubagne : « Alors, t’es pas sous les décombres ? » Quand on sait que le communiste a bataillé pendant deux mandats sur l’immobilier et qu’accessoirement, son fils a un atelier rue d’Aubagne… Mais c’est comme un animal blessé : Gaudin, plus il est faible, plus il est agressif. »

Pour fêter le 18^e anniversaire du Ravi, de grands témoins commentent des Unes marquantes ou des rubriques emblématiques dans le 200ème numéro du régional pas pareil qui ne baisse jamais les bras…